PIERART geneviève (Suisse) – genevieve.pierart@hefr.ch

Dans cette communication, nous discuterons de la mise en œuvre d’un module de formation en travail social impliquant la participation d’expert-e-s de vécu bénéficiaires du travail social. Ce module propose aux étudiant-e-s de réfléchir, sur la base d’expériences partagées en duo avec des expert-e-s de vécu, aux aspects relationnels à prendre en compte dans l’exercice de leur profession. Il offre aux futur-e-s professionnel-le-s la possibilité de se sensibiliser à l’importance et aux enjeux de l’aspect relationnel dans l’intervention en travail social, de co-construire un partenariat avec des expert-e-s de vécu et d’établir une proximité relationnelle respectueuse des besoins respectifs. <br />Cette démarche didactique s’inscrit dans la reconnaissance actuelle de l’expertise des savoirs issus de l’expérience (Jaeger, 2019) qui sous-tend la participation des personnes concernées à la formation dans les métiers de l’humain (Morin et Lambert, 2017). Elle interroge cette expertise au sein de la relation établie entre les intervenant-e-s et les bénéficiaires du travail social, relation qui est envisagée en termes de partenariat (Depenne, 2017 ; Cudré-Mauroux, Piérart et Vaucher, 2020).<br />Pour ce faire, le module est organisé sur la base de trois logiques pédagogiques distinctes et complémentaires : des activités relationnelles à vivre en groupe et en duo étudiant-e / expert-e de vécu, des cours théoriques sur diverses dimensions relatives aux compétences relationnelles et des séances de supervision permettant d’intégrer les aspects théoriques sur la base des expériences vécues lors des activités relationnelles avec les expert-e-s de vécu.<br />Mis en œuvre pour la première fois en 2021, ce module a favorisé différents processus chez les étudiant-e-s, les expert-e-s de vécu et les professeures, dont nous souhaitons rendre compte. Nous analyserons, d’une part, les réactions des étudiant-e-s lors de leurs premiers contacts avec les expert-e-s de vécu, ainsi que l’évolution de leurs représentations au fil du déroulement du module. Nous verrons également comment l’immersion dans une relation, sur la durée d’un trimestre, a suscité des effets en termes réflexifs chez ces futur-e-s professionnel-le-s. <br />Du côté des expert-e-s de vécu, nous expliciterons comment, pour certain-e-s, la pensée réflexive s’est développée, accompagnée d’une prise de conscience de leur statut d’expert-e-s. Nous aborderons également les aspects de reconnaissance, de valorisation et d’appartenance qu’une telle démarche a mobilisés. Enfin, les questionnements autour des rapports de pouvoir et du partenariat, tels qu’amenés par les expert-e-s de vécus, seront discutés.<br />Pour nous, les professeures qui avons mis en place ce module, des changements ont également été expérimentés, notamment dans la posture d’enseignement et la dimension relationnelle de nos rapports avec les étudiant-e-s et les expert-e-s de vécu. Nous relaterons notre expérience de témoins d’un processus de transformation à l’œuvre.<br />Nous terminerons par les enjeux et défis que suscitent la mise en place et la réalisation d’un tel dispositif de formation, notamment les limites institutionnelles (Tourette-Turgis, 2019), les questions de temporalité et de confiance (Morin et Lambert, 2017), la gestion des dynamiques groupales (Lainé, 2020) et l’accompagnement d’un processus d’autoformation qui a concerné tant les expert-e-s de vécu que les étudiant-e-s (Baeza, 2020).<br />

Partenariat, Formation, Co-construction, expertise de vécu, compétences relationnelles