PDF FR

Au prisme de l’incertitude : appréhender les phénomènes psychotiques chez les Inuit du Nunavik et réfléchir à la pratique du travail social en santé mentale en contexte postcolonial

Année : 2022

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

GAULIN dominique (Canada) – dominique.gaulin@umontreal.ca
MacDonald Sue-Ann (Canada) – sueann.macdonald@umontreal.ca

Résumé :

Depuis plusieurs années, nous observons une professionnalisation du « care » (Stevenson, 2014; Trout & Wexler, 2012), une propension à sous-spécialiser les connaissances expérientielles, locales et culturelles, au profit des connaissances techno-professionnelles. Le domaine de la santé mentale n'est pas étranger à cette tendance, les savoirs autochtones - notamment ceux des Inuit - étant largement absents au sein des pratiques et de la recherche (Fraser, Gaulin & Fraser, 2021).<br /><br />Cela dit, les théories critiques permettent de réfléchir les expériences en santé mentale en reconnaissant l’agentivité de l'autre culturellement différent, dépassant la fermeture conceptuelle. Il s’agit de reconnaître que dans le cadre des pratiques en santé mentale, les regards posés sous la lunette coloniale, de manière consciente et inconsciente (Fanon, 1952), peuvent limiter l’autodétermination des individus, en empêchant notamment leurs savoirs de prendre leur place, en limitant la possibilité pour des personnes de faire sens de leurs expériences. Cela dit, les conceptions dominantes, même lorsqu’informées par des cadres théoriques critiques, peuvent facilement venir teinter la recherche et la pratique, via des mécanismes insidieux et bien ancrés dans les discours (Brown & Strega, 2015; Foucault, 1994; 1997; Spivak, 1988).<br /><br />Croisant les résultats préliminaires d’une recherche ethnographique sur les expériences psychotiques et le rétablissement chez les Inuit du Nunavik et les expériences de la première auteure à titre de travailleuse sociale au Nunavik dans le domaine de la santé mentale, l’objectif de cette présentation est de rendre compte des enjeux reliés à la recherche et la pratique en santé mentale en contexte inuk et aux incertitudes que peuvent vivre les chercheurs et praticiens, face à des épistémologies et des ontologies souvent bien différentes des leurs. Sachant que les concepts de santé mentale ont longtemps servi l’établissement et le maintien des intérêts coloniaux (Fanon, 1952; Nelson, 2013), cette présentation suggère de réfléchir aux injustices et au racisme épistémique (Fricker, 2007; Grosfoguel, 2010; Grosfoguel & Cohen, 2012; Medina, 2017; Mignolo, 2013) présents dans les institutions universitaires, de recherche et de santé et services sociaux afin d’offrir des services exempt de violence, respectueux de la culture, des savoirs et des croyances, le tout dans une perspective anti-oppressive (Lee, Fontaine, MacDonald & Caron, 2017).<br /><br />

Mots clés :

Santé mentale, racisme épistémique, Inuit, autochtones, phénomènes psychotiques

← Retour à la liste des articles