Peut-on considérer le microcrédit comme une forme d’innovation sociale en matière d’intervention pour le développement ?
Année : 2010
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
LAROUSSI Houda (Tunisie) – houdalaroussi@gmail.com
Résumé :
Notre communication qui s’intègre dans le cadre de l’axe : Référentiels, compétences, méthodes, outils, s’appuie sur une étude sociologique qui s’intitule, « microcrédit et lien social en Tunisie ».
Force est de constater que depuis le début des années 2000, le microcrédit a fait l’objet de plusieurs programmes et débats internationaux. Les Nations-Unies ont fait de l’année 2005, l’Année internationale du microcrédit.
Le microcrédit est un dispositif financier adopté dans une logique d’aide à la création de la micro-entreprise. Il désigne un système de financement des petites affaires personnelles qui se distingue des autres types de crédits. Il cible des populations discriminées, démunies ou à faibles revenus pour financer ou créer des petits projets productifs souvent à la limite de la survie et du secteur informel.
Dans les pays du Sud, le microcrédit est beaucoup plus octroyé - et parfois exclusivement - aux femmes micro-entrepreneures. Il représente aujourd’hui une solution efficace et dite « innovante » moins pour éradiquer la pauvreté dans des pays touchés par le chômage, que pour stimuler la création d’activité et donc d’emplois et favoriser le développement des régions touchées par le sous-emploi. Cette politique d’encouragement à l’auto emploi est défendue par les institutions internationales et relayée par les gouvernements. Tel est le cas en Tunisie et au Maroc. Différents dispositifs financiers, tant privés que publics, associatifs ou étatiques, y ont été mis en place.
En Tunisie, l’ONG ENDA avait adopté une approche de proximité qui justifie le développement d’une politique d’action sociale centrée sur une écoute de la demande à « la base ». Cela ne peut pas encore se traduire en Tunisie comme cela se réalise dans le développement local français et comme l’a montré G. Gontcharoff, par « un mouvement ascendant, qui partirait "du bas", c'est à dire de la population qui s'auto-organise à l'échelle d'un quartier, notamment à travers la forme associative », et qui serait repris par l’État dans le cadre d’une « territorialisation » des politiques publiques.
Ce « développement de proximité», du « bas », se développe et s’élargit au niveau de la base. Les antennes de ENDA sont établies au niveau du quartier (où s’organisent les services administratifs et se négocient les programmes à élaborer pour la population…). En l’occurrence, les décisions qui sont prises à ce niveau sont directement appliquées avec la population concernée et ne peuvent atteindre d’autres niveaux. D’autant plus que ce programme de développement a été conçu exclusivement pour les quartiers populaires en difficultés et non pour qu’ils soient élaborés au niveau des régions. Cela suppose que l’acteur ENDA, qui agit comme un agent de proximité, situe son action au niveau du microsocial et développe une sociabilité sur le quartier, sans pour autant, tout au moins dans l’immédiat, inscrire son action dans une politique publique tunisienne réellement relayée par l’État.
De nos jours, les organismes de développement et d’insertion sociale, ne cessent de parler de l’utilité du microcrédit, comme un outil d’innovation sociale. Et d’intégration de la population dépourvue aussi bien dans le milieu rural que dans le milieu urbain. En ce sens, peut-on intégrer le micro crédit dans le processus de développement ? C’est-à-dire comme outil de développement et d’innovation sociale ? Quel sont les Atouts et les limites du microcrédit en matière d’intervention pour le développement ?
Mots clés :
Solidarité, Lien social, Politique sociale
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