MAES Renaud (Belgique) – rmaes@ulb.ac.be

L'intervention sociale auprès des personnes prostituées est marquée par une série d'ambigüités dans la prise en compte de la parole de ces personnes. Fréquemment, les travailleurs·euses sociaux·ales sont amenés à se confronter à leurs grilles normatives et leurs représentations, pour établir progressivement leur connaissance du "milieu" et de ses codes au travers des interactions avec les personnes prostituées. Dans ce processus, la parole des personnes prostituées est centrale, elle est la clé qui permet de construire le cadre d'intervention et/ou d'accompagnement, de penser la "prise en charge" et/ou le "soutien". <br />Or cette parole n'est pas univoque. Que ce soit dans des enjeux de reconnaissance d'une identité professionnelle comme travailleur du sexe ou dans les projets futurs des personnes prostituées, la signification de l'activité pour la personne elle-même dépend d'énormément de facteurs : les lieux d'exercice, l'existence de tiers profitant de l'activité (proxénètes, bailleurs, etc.), les types de clients, les pratiques, le genre, le rapport à la sexualité, etc. <br />Notre contribution vise à questionner les conditions nécessaires pour une prise en compte effective du discours des personnes prostituées dans le cadre de dispositifs d'intervention sociale, prise en compte qui échappe donc à l'imposition de représentations préconstruites (souvent stigmatisantes) et qui permette de mieux intégrer la multiplicité des vécus de l'activité prostitutionnelle. <br />Elle se construira sur trois terrains : sur une étude comparative entre trois villes européennes (Stockholm, Amsterdam, Bruxelles) qui se focalisait sur les politiques d'encadrement et d'intervention sociale vis-à-vis des personnes prostituées; sur une recherche-action menée avec des personnes prostituées "de rue" dans le quartier Yser à Bruxelles et enfin, sur une recherche auprès de prostitué.es "sans papiers" (ne disposant pas de titre de séjour et étant à ce titre réduits au rang d'illégaux·ales).

Intervention sociale et travail social, Éthique et déontologie, Politique sociale, Prostitutions