KHOURY Emmanuelle (Canada) – Emmanuelle.khoury@gmail.com
PARISEAU pierre (Canada) – pierre.pariseau-legault@uqo.ca
BUJOLD audrey (Canada) – audrey.bujold@uqo.ca

Les deux dernières décennies ont été marquées par une évolution significative dans la manière dont les problèmes de santé mentale et leurs traitements sont conceptualisés, tant sur le plan des politiques publiques que de la pratique. En s’éloignant de cette conceptualisation traditionnelle, l’approche du rétablissement en santé mentale a intégré le vécu des personnes concernées. Un élément au centre du concept de rétablissement est cette reconnaissance de la singularité et de la diversité des expériences et des parcours des personnes. S’appuyant sur les notes d’observation ayant documenté la globalité du processus collaboratif (mai 2020 à décembre 2021), cette communication partagera un projet ayant pour objectif mutuel l’inclusion de voix marginalisées, ou des voix peu entendues, au sein de l’espace public.Le processus de création, ainsi que l’artefact de ce processus, une série de 4 baladodiffusions, représente une voie d’utilisation de cette technologie d’apprentissage comme outil de partage de récit de vie qui met la voix des personnes concernées au centre d’un croisement des connaissances avec celles des intervenant.es sociaux.iales et les milieux académiques. <br />La baladodiffusion est décrite comme pouvant faciliter le transfert des connaissances auprès de groupes diversifiés (Boulos et al., 2006). En construction des savoirs, la baladodiffusion facilite le processus d’engagement, de prise de distance et de création de sens des personnes impliquées (Lee et al., 2008). Considérant que la popularité de la baladodiffusion a également propulsé un certain nombre de réflexions et d’expérimentations autour de son potentiel comme outil pour renverser les structures de pouvoir et d’en faire véhicule pour des pratiques inclusives et anti-oppressives, nous proposons donc que les baladodiffusions possèdent le potentiel de servir d’espaces de création et de diffusion de courants de pensée anti-hégémoniques. Dans une optique de collaboration et de recherche en partenariat, mettre en vedette les voix de ceux qui ont été historiquement marginalisés peut fournir des contre-récits aux récits dominants, amplifiants les voix de ceux qui sont souvent exclus. De surcroit, sachant que la santé mentale est un domaine d'intervention complexe et imprégné par de multiples représentations sociales stigmatisantes auprès de la relève professionnelle notamment, plusieurs auteurs suggèrent qu’une plus grande valorisation des savoirs expérientiels des personnes directement concernées permettrait, par exemple, de mettre de l’avant la complexité du processus de rétablissement en santé mentale telle qu'elle est vécue par les personnes aux prises avec une problématique de santé mentale (Bujold et al., 2020). <br />Notre présentation exposera des réflexions et des résultats qualitatifs d’un projet de recherche participative de type recherche-action qui avait comme objectif de co-créer des baladodiffusions avec des personnes qui ont une expérience vécue de problèmes de santé mentale importants, pour rendre visible leurs voix, avec eux. En particulier, nous abordons 1) la place centrale de la communication, de l’autoréflexivité des chercheurs et d’une reconnaissance des rapports de pouvoir depuis le début de cette recherche collaborative afin de concilier les attentes et les objectifs des différents acteurs (intervenants sociaux d’une organisation communautaire en santé mentale et des citoyens directement touchés par le sujet); 2) les étapes de ce processus de recherche où la collaboration est essentielle; 3) des résultats préliminaires de cette recherche qui vise à comprendre, du point de vue des participants, l’apport de leur implication dans le processus de co-création des balados comme une voie pour la mobilisation, la reconnaissance et la valorisation de leurs paroles, connaissances et expériences.<br />

Co-construction, Santé mentale, Recherche-action