MOLINA Yvette (France) – yvettemolina78@gmail.com
LYET Philippe (France) – philippe.lyet@askoria.eu

La communication présentée se situe dans l’axe 1 de l’appel à contributions « Favoriser le dialogue dans les pratiques d’intervention sociale, de formation et de recherche ». Elle prendra appui sur une recherche-intervention (Marcel, 2015) toujours en cours et démarrée depuis 2019 en région Bretagne en France. <br />La recherche-intervention mobilise depuis plus de deux ans des acteurs/actrices de terrain praticien-ne-s et cadres managers de l’intervention sociale, ainsi que des personnes accompagnées et des chercheuses et chercheurs. Elle a pour objet l’analyse de la mise en œuvre d’une politique nationale d’action publique au local pour trois territoires distincts en région Bretagne (trois collectivités départementales). La politique concernée relève du « Plan national de prévention et de lutte contre la pauvreté » et s’attache plus spécifiquement à la mise en œuvre d’un dispositif nommé en France « référent de parcours ». Il s’agit de repenser l’accompagnement social à partir de la notion de « parcours » (Bessin et al 2010) de la personne et d’un interlocuteur unique pour éviter les effets délétères de la multiplicité des interventions d’aide et d’action sociales souvent opérées en silo (Outin et Dauphin 2019). <br />La communication se propose de présenter dans un premier temps et assez brièvement le contexte de la recherche-intervention, ses modalités de mise en œuvre, ses objectifs, pour aller dans un second temps et de façon plus développée, sur la question des enjeux et des défis posés du point de vue de la place et des rôles joués par les acteurs mobilisés dans le projet de recherche. <br />Précisons que la recherche est organisée autour de trois groupes de recherche-intervention (GRI) rassemblant trois acteurs : quelques personnes accompagnées, une majorité de professionnels intervenants sociaux ou cadres et un ou deux chercheurs. Ces GRI consistent principalement à échanger verbalement sur des questions en rapport avec l’objet de la recherche. Ils constituent des espaces de discussion, d’échanges sur le sujet du « référent de parcours ». Ainsi, chaque individu y est mû par ce qu’il perçoit comme un enjeu principal et par les modes opératoires de sa dynamique d’acteur : la reconnaissance de la singularité de leur situation pour les personnes concernées, la recherche de solutions pratiques à la mise en œuvre de la « référence de parcours » pour les professionnels et la construction d’une analyse conceptualisée pour les chercheurs.<br />Nous analyserons en quoi les registres d’expérience et de connaissance des acteurs impliqués (praticien-ne-s, personnes accompagnées, chercheuses-chercheurs) qui ne communiquent pas spontanément entre eux, produisent des effets en termes de rapports de force et de jeux d’alliance entre relation d’aide, intervention sociale, statut d’usager-ère et chercheuses et chercheurs « dominant.e.s » pour la question scientifique. <br />La recherche conduite par des individus à statuts différenciés et issus de mondes sociaux hétérogènes nécessite de penser un dispositif d’acculturation et de négociation (Strauss 1992), appuyé sur des techniques permettant la communication et la compréhension réciproque, pour mener à bien la recherche tout en prenant en compte les dispositions et les orientations stratégiques-identitaires des un-e-s et des autres. <br />« Embarquer » les personnes accompagnées dans les recherches interventionnelles, nécessite d’autres moyens que les modalités classiques de la recherche. <br />

Recherche -intervention