CHANSON françois (Belgique) – chansonfr@sambreville.be

Depuis des années, alors que nos sociétés prônent l’activation vers l’emploi comme intégration ultime, le Centre Public d’Action Sociale de Sambreville a décidé de miser sur un travail d’insertion sociale des personnes fragilisées. La création d’ateliers thématiques choisis par les usagers, sera l’outil « prétexte » favorisant la rencontre et l’échange, luttant ainsi directement contre l’isolement social et l’affaiblissement des liens de proximité et de solidarité entre individus, (Castel, 1998), source de stigmatisation et de « disqualification sociale », (Paugam, 1991). <br />C’est un lieu privilégié pour retrouver confiance en soi, pour découvrir ou redécouvrir ses qualités et ses compétences, mais aussi pour s’ouvrir à la connaissance des autres et à ce qui nous entoure.<br />Parmi nos créations, le projet « porte-clés » destiné aux participants de ce congrès. Un simple porte-clés offert, pointe de l’iceberg d’un travail invisible co-construit par les usagers, les travailleurs sociaux, les formateurs et les animateurs, fruit d’un processus s’inscrivant dans un temps long, avec comme finalité, l’envie fondamentale de sortir de l’ombre par une reconnaissance.<br />Les personnes accompagnées par notre centre présentent des parcours diversifiés et des trajectoires singulières, certaines ont perdu non seulement des ressources mais également des supports relationnels qui les ont amenées à glisser vers des formes d’isolement, de désaffiliation sociale. Au fil des rencontres avec les usagers des services, les assistants sociaux de l’institution se sont mis à interroger le sens de leurs missions, particulièrement en ce qui concerne les finalités de l’insertion : employabilité, sens de l’accès au travail dans une société placée sous l’égide de la responsabilisation, activation sociale et méritocratie. Quel sens donner à l’intervention sociale dans ce contexte particulier, comment prendre en compte la parole des usager.es pour construire des dispositifs qui leur permettent de trouver des points d’appui, des lieux où construire des liens, identifier la force de leurs expériences ? Attentifs à la parole des bénéficiaires, les acteurs du service d’insertion ont ainsi choisi de développer essentiellement des activités porteuses de sens pour les usagers et favorisant la solidarité. L’expérimentation du lien social est le préalable de l’insertion vers le travail : pour partager ses compétences, apprendre, consolider des valeurs communes et les valoriser dans un espace de sécurité, où il est possible d’exister, de se retrouver, de nouer des liens, d’être entendu sur les projets que chacun souhaite mener. <br />Si bien entendu, l’insertion se construit encore via une société salariale, cette contribution vise à présenter une autre manière de penser et de développer les pratiques d’intervention dans le cadre d’un service public d’insertion socio-professionnelle régi par l’art. 1 de sa loi organique « Permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine ».<br />Cette attention à la dignité humaine ouvre le champ des possibles à autant d’initiatives portées par des personnes en chemin dans l’insertion sociale et professionnelle, par l’activation de formes de travail autres, indispensables à la société, et souvent invisibles, telles que la création d’une épicerie sociale, le réconfort aux personnes âgées, la participation avec les hôpitaux à la confection de doudous pour les enfants prématurés , le projet vêtements pour les enfants défavorisés…<br />Travailleurs sociaux et usagers contribuent ainsi dans l’ombre à plus de cohésion sociale, le travail des uns prend sens dans l’élaboration avec les autres, dans un croisement d’expériences qui revisite les façons de « faire du social ». Notre initiative tend à montrer le rôle joué par les acteurs et les actrices pour dynamiser le croisement entre expertises.<br />

Co-construction, Insertion, Secteur public, usager-expert