LALOY David (Belgique) – davidlaloy@hotmail.com
LAHMIDI fatima (Belgique) – lahmidif@helha.be
LAUWENS jean-pol (Belgique) – lauwensjp@helha.be

Tant en Communauté française de Belgique qu’au Québec, de plus en plus d’étudiant.e.s en situation de handicap (ÉSH) entreprennent des études supérieures et peuvent bénéficier d’aménagements afin de suivre leurs études dans de bonnes conditions. Toutefois, ceux-ci sont en général limités au cours et aux examens, ce qui pose question dans les formations professionnalisantes comportant des stages pour lesquels il est plus rare que des aménagements soient mis en place (Dufour et al., 2019). Le stage, surtout en fin de parcours d’étude, constitue une période critique pour ces étudiant.e.s, où des enjeux d’abandon des études, de remise en question du choix d’orientation, de découragement, voire même d’échecs, sont souvent présents (Bergeron-Leclerc & Simard, 2019). Dès lors, les milieux de stage ont un rôle important à jouer dans la formation et l’évaluation de ces étudiant.e.s.<br />Depuis deux ans, nous collaborons avec le CRISPESH et ECOBÈS (deux centres de recherche au Québec) sur un projet de co-construction d’un outil de sensibilisation et d’auto-évaluation à l’intention des milieux de stage qui accueillent des ÉSH en enseignement supérieur, dans le but de susciter une réflexion de ces milieux quant aux pratiques inclusives. Pour nourrir nos réflexions, nous réalisons une recherche s’appuyant sur 15 entretiens avec des ÉSH et des entretiens et groupes de discussion avec des employeurs en Belgique. <br />Les résultats de notre recherche permettent de nourrir la thématique du congrès. En effet, un enjeu central pour les ÉSH est la question du dévoilement. Cette question se pose d’autant plus du fait que la plupart d’entre eux sont porteurs d’un handicap « invisible » (trouble d’apprentissage, maladie invalidante, anxiété, trouble de santé mentale, etc.). La plupart des ÉSH préfèrent garder leur handicap « invisible » par peur d’être jugés, stigmatisés, résumés à leur handicap (Dufour et al., 2019). Néanmoins, la capacité d’auto-détermination et d’expression du handicap et des limitations qui l’accompagnent semblent associés à un parcours d’étude plus serein, voire à la réussite scolaire (Robert, 2017). Cette capacité est d’autant plus nécessaire dans un système qui repose sur le principe de l’aménagement raisonnable dont la demande doit être explicitée et justifiée, voire prouvée, par l’étudiant, avec preuves à l’appui (diagnostic médical, notamment). <br />Ce système est remis en question par des approches plus inclusives qui ont vocation de sortir de cette logique d’aménagement raisonnable en proposant des conditions pour suivre les études qui soient adaptées en amont à la diversité des profils d’étudiants, en ce compris les étudiants en situation de handicap. Dans un tel système, une grande partie des ÉSH ne seraient plus « contraints » à formuler une demande pour bénéficier d’aménagements afin de poursuivre leurs études et faire leur stage dans les meilleures conditions. <br />Ce dilemme du dévoilement présent chez ce public nous semble transférable à d’autres publics du travail social et permet de documenter le débat : rendre visible, oui, mais à quelles conditions ? Avec quels risques ? D’un côté, l’obligation de se connaître, identifier ses difficultés, et les exprimer afin de rentrer dans les conditions, dans la définition d’un public-cible, pour bénéficier de certaines aides, est parfois mal vécue. De l’autre, une approche inclusive reposant sur l’atténuation des différences, des étiquettes, rendrait plus complexe l’objectif du « rendre visible » qui semble une condition incontournable pour adapter et rendre adéquates les réponses du travail social aux problèmes sociaux (Debucquoy, 2020).<br />

Exclusion, Autonomie, Enjeux, inclusion