GONTHIER hakim (Suisse) – hakim.gonthier@disno.ch

Les services de prévention et de traitement des attirances et pratiques sexuelles considérées comme déviantes et notamment celles destinées aux personnes attirées par des mineur-e-s et/ou consommant du matériel à caractère pédopornographique, sont considérés comme essentiels pour permettre aux personnes concernées de faire un premier pas vers une demande d'aide et faciliter leur prise en charge par le réseau de soin. Le stigmate et le tabou associés à ces problématiques dans la population générale, mais aussi chez une majorité de professionnel-le-s, laisse bien souvent les personnes concernées livrées à elles-mêmes, avec les risques que cela peut comporter en termes d'isolement, d'accroissement de la dépendance aux matériels en ligne, et dans certains cas, d'un passage à l'acte sur mineur.e. Dans ce domaine d’intervention, le besoin de reconnaissance de l'expérience et du vécu des usager-ère-s est prégnant, mais se heurte fréquemment aux représentations négatives envers les usager-eres, à la priorisation des enjeux de protection de l'enfance et au cadre légal, qui sous-tendent cette reconnaissance. En 2021, un collectif international francophone comprenant divers organismes et services de prévention et d'intervention s’est regroupé autour de la question du développement de prestations d’assistance téléphonique destinées aux personnes attirées par les mineur.e.s. Au sein de ce collectif, les ancrages institutionnels et culturels variés qui définissent les spécificités des services offrent un éclairage diversifié sur les pratiques d'intervention, le rapport aux usager-ère-s, et participent ainsi à mettre au jour des enjeux partagés. Cette contribution aura pour but d’illustrer la tension mentionnée, mais aussi d’en proposer des exemples de résolution issus de la pratique, en montrant en quoi les approches choisies, mais également les rapports qui se nouent au quotidien entre intervenants et usagers créent les espaces propres à une renégociation de cette tension.