Penser l’articulation entre participation et évaluation dans les institutions sociales et médico-sociales.
Année : 2022
Thème : L'émergence d'un nouveau paradigme ?
Type : Forum, GT, Carrefour
Auteur(s) :
BALZANI Bernard (France) – bernard.balzani@univ-lorraine.fr
HIRLET Philippe (France) – philhirlet@orange.fr
Résumé :
L’enjeu de l’appel à contributions sur la visibilisation de la « parole, expériences et actions des usagères et des usagers dans l’intervention sociale », fait écho avec le projet scientifique que nous portons actuellement, à propos d’une question qui nous a paru faire sens, l’articulation possible entre l’évaluation et la participation, au regard des évolutions structurelles que traversent les secteurs d’activité du social et médico-social et les politiques publiques.
Faire participer pour évaluer, évaluer en participant, ces deux notions ne pouvant plus être pensées séparément. Participer pour prévoir et définir les critères ou indicateurs d’une évaluation, anticiper en quelque sorte pour devenir co-évaluateur. Évaluer en étant associé, donc invité à participer, pour mettre en œuvre les actions correctives et engager une nouvelle réflexion sur la construction d’indicateurs évaluatifs revisités qui tiennent compte de ce nouveau paradigme : l’articulation. Il ne s’agit pas seulement d’évaluer la participation ou la participation à l’évaluation, il s’agit d’emboiter les deux en permanence, répondant ainsi en permanence à leur bouclage (entrecroisement ?). C’est le sens des travaux menés par Baron et Monnier (2003), Libois (2015) qui nous incitent à parler « d’approche pluraliste et participative : (de) coproduire l’évaluation avec la société civile », donc à se risquer à invoquer des formes « d’évaluation émancipatrices ». Mais est-ce la nouvelle forme de régulation au sein des mondes sociaux de l’action sociale et du médico-social ?
Quelles sont les formes de cette articulation ? Quelles sont les conditions de cette possible articulation ? Les institutions des mondes sociaux de l’action sociale et du médico-social sont comme d’autres secteurs de l’activité humaine mais de manière plus récente, impactées par les pratiques d’évaluation et par les logiques de participation (comme indiquées au travers des 3 axes de l’appel). Nous pensons pertinent de poser la question de l’articulation de ces deux termes, aux origines fort différentes et qui ont pu longtemps être analysés comme antagonistes ou pour le moins venant d’horizons éloignés, avec des référentiels souvent opposés, voire contradictoires, appartenant à des univers de sens différents. Avancer l’idée d’une articulation possible entre l’évaluation et la participation, c’est proposer de penser différemment le sujet, en s’interrogeant sur les zones de recouvrement possibles entre elles, les tensions que leur rapprochement soulève, en proposant de les mettre en débat avec l’hypothèse que leur articulation a du sens.
Notre hypothèse s’appuie en fait sur le principe de la co-construction par les acteurs des modalités concrètes de leur participation à la vie, qui nécessite de pouvoir s’évaluer tout en déployant une action de type co-construite. L’une des difficultés dans l’appropriation de cette perspective est que les regards portés n’arrivent pas à « voir » de véritables articulations, parce que leurs pratiques renverraient à des significations opposées ou du moins qui ne sont pas « imaginées » comme « articulables ». Le simple fait de penser cette articulation serait synonyme de confusion car elle n’aurait pas de fondement commun et il n’y aurait pas d’intérêt heuristique à les penser comme nécessairement emboitée.
Notre contribution s’appuie sur des résultats de travaux de recherche (Turcotte et ali, 2016), la tenue de 2 journées d’études en 2015 et 2018, suivi par un séminaire interdisciplinaire et interprofessionnel (Balzani et Hirlet, coord., 2021).
La communication portera sur une présentation des trois registres de l’action que nous avons définis pour l’articulation :
- Poser le paradigme de l’articulation, c’est penser une redéfinition de l’action publique
- Poser le paradigme de l’articulation, c’est envisager un nouvel horizon démocratique
- Poser le paradigme de l’articulation, c’est dépasser les organisations actuelles
Mots clés :
Evaluation, Autonomie, Intervention sociale et travail social, justice sociale
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