GONIN Audrey (Canada) – gonin.audrey@uqam.ca

Dans le cadre d’un projet de recherche-action partenarial, une démarche visant à mieux comprendre les parcours et expériences de femmes immigrantes vis-à-vis de la contraception et de l’avortement a été mise en place par une équipe composée de chercheures et de membres du Centre de santé des femmes de Montréal (CSFM), au Québec. Cet organisme communautaire, qui a pour mission de favoriser l’autonomie sexuelle et reproductive des femmes, accueille des femmes d’origines très variées. En effet, les données de recensement les plus récentes mettaient en évidence que la population de Montréal comprend 34% de personnes issues de l’immigration (Montréal en statistiques, 2017) – 13,6% de la population montréalaise étant arrivée au Canada dans les 10 dernières années. Dans ce contexte, le CFSM se demande comment adapter au mieux ses pratiques à une population de femmes immigrantes de plus en plus nombreuse, et provenant aussi bien des continents africain, européen, qu’asiatique et américains.

Le CSFM observait ainsi des réalités très diverses, chez les femmes immigrantes, et estimait que l’utilisation de l’approche féministe privilégiée dans l’organisme était toujours utile, mais insuffisante. Un manque de connaissance des enjeux liés aux trajectoires migratoires était relevé, au sein de l’équipe, et celle-ci constatait que les obstacles peuvent être nombreux pour les femmes immigrantes, au niveau de l’accès aux ressources favorisant une autonomie reproductive. Ces observations rejoignaient les constats faits dans des recherches menées dans d’autres provinces du Canada et à l’international : les femmes immigrantes se heurtent à des problèmes d’accessibilité des informations sur la contraception et l’avortement, des méthodes contraceptives elles-mêmes (coûts, connaissance des moyens pour obtenir les méthodes…), et du système de santé par lequel il faut passer pour utiliser certaines méthodes (Bollini et al., 2006 ; Hulme et al., 2015 ; Machado et al., 2021 ; Newbold et Willinsky, 2009 ; Ostracht, 2013 ; Wiebe, 2013). Par contre, un déficit de recherches concernant les réalités des femmes immigrantes au Québec, relativement à la planification familiale, était notable.

Cette recherche-action partenariale s’est donc donné pour objectif de mieux connaître les parcours et expériences des néo-Québécoises concernant la contraception et l’avortement, afin de favoriser des interventions plus adaptées aux réalités de femmes ayant eu un parcours migratoire. Une méthodologie de recherche mixte a permis de réaliser, dans un premier temps, des entretiens avec 12 femmes immigrantes qui ont témoigné de leurs parcours concernant la gestion de la fécondité (recours, ou pas, à la contraception et à l’avortement). Dans un second temps, une analyse secondaire des données tirées de l’Enquête québécoise sur la santé de la population et de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes a permis d'estimer les prévalences de l’usage contraceptif chez les femmes immigrantes et d’en dégager les corrélats associés. L'ensemble des résultats ont été discutés avec l’équipe du CSFM afin d’en tirer des conclusions pour les pratiques quotidiennement développées au sein de l’organisme. Cette communication s’attachera principalement à décrire la démarche réalisée dans le cadre de ce projet de recherche-action partenariale, en s’attachant à présenter la méthodologie par laquelle la parole et les parcours de femmes immigrantes ont été mobilisés dans un objectif de transformation des pratiques.

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