Quand « accompagner » est source de développement du Pouvoir d’Agir individuellement et collectivement

Année : 2022

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

PRIGNON claude (Belgique) – claude.prignon@gmail.com

Résumé :

Les auteurs de la présente communication sont des Femmes et des Hommes qui fréquentent le Gaffi et qui sont accompagnés par des animateurs et des bénévoles.
Le Gaffi (Groupe d’Animation et de Formation pour Femmes Immigrées) est une asbl qui organise des actions qui relèvent tant de l’éducation permanente que de l’alphabétisation, de l’insertion socio-professionnelle ou encore de l’accompagnement à la parentalité.

Le Gaffi fait partie, comme 40 autres associations dans Bruxelles, de la Coalition des parents de familles populaires et des associations qui les accompagnent.
Et les mamans du Gaffi font partie de l’AG de la Coalition. Toutes les décisions se prennent par les parents lors des AG. La préparation de ces AG se fait par un Comité de Pilotage constitué pour moitié de parents élus par leurs pairs et pour l’autre moitié d’animateurs également élus en AG.

Les choix du Gaffi dans sa pratique d’accompagnement de ne jamais aller plus vite que les parents ne le proposent, de revenir encore et encore sur les éléments individuels, de les traiter l’un après l’autre, de traiter les éléments qui le peuvent en Comité des parents puis de partager les avancées réalisées avec la Coalition qui, elle, peut soutenir les parents qui s’adressent au Politique, sont fondamentaux. Ils amènent les parents concernés à prendre la/leur place et à se faire entendre.

Depuis plus de six ans, des mamans, qui habitent le quartier et dont les enfants fréquentent l’école des devoirs du Gaffi asbl, se regroupent régulièrement.
Parmi ces mamans, un grand nombre ne maîtrisent pas le Français. Certaines suivent des cours d’alphabétisation ou d’insertion professionnelle au Gaffi même.
Elles ont comme trait commun d’avoir toutes des enfants en âge scolaire.
En difficulté avec l’école de leur enfant, ne comprenant parfois pas ce que l’école leur dit, elles se sentent méprisées, rejetées, pas reconnues et… inquiètes.
Très souvent elles entendent, de la part de l’école, qu’elles ne s’occupent pas valablement de leur enfant, que leur mé-connaissance du français est la preuve qu’elles se désintéressent de l’école et qu’elles ne sont pas à même de « comprendre » donc qu’elles ne sont pas dignes d’intérêt, que de toutes façons, elles ne viennent jamais aux réunions de parents, qu’elles veulent tout tout de suite ….
Écoutées au Gaffi dans les difficultés qu’elles vivent, elles font progressivement confiance aux animateurs et accompagnateurs, dans la mesure où elles sont à la fois prises en compte et aux commandes des démarches mises en œuvre. Progressivement, elles déposent les questions qui les habitent et s’interrogent sur ce qu’elles peuvent mettre en place pour avancer. Et ce qui les interroge du côté de l’école les implique dans leur rôle de parent et de femme à part entière. Recherche pour les enfants devient recherche pour soi.
Chaque cas particulier est pris en compte avec le parent, déplié en abordant les réactions de l’enfant, du (des) parent(s) et de l’école. Les éléments administratifs sont abordés, toujours à partir de la situation particulière, mais cette démarche permet aux situations particulières suivantes de s’appuyer sur la compréhension acquise. Ce sont les mamans elles-mêmes qui font référence aux éléments administratifs correspondants.
Progressivement, un groupe se construit, qui permet aux mamans d’inviter des papas et ensemble de s’interroger tant sur leur propre rapport à l’école que sur celui de leurs enfants.
Mais aussi, il apparaît que les cas individuels ne le sont pas, que chacun n’est pas différent de l’autre et que ce qu’une maman vit comme problème n’est pas très différent de ce que vit sa voisine et/ou son voisin.
A plusieurs les mamans et les papas forment un groupe et quand ils ont la chance d’avoir leurs enfants dans une même école, ils peuvent non seulement en parler mais envisager de solutionner ensemble les difficultés qu’ils rencontrent. Que ce soit un professeur agressif ou violent, le coût trop important des factures, une pression vécue quant à l’orientation d’un enfant vers l’enseignement spécialisé, l’absence d’accès à la piscine, le fait que des enfants n’osent pas utiliser les toilettes de l’école, ou encore la non-compréhension du travail par cycle, la peur des devoirs non faits ou du CEB qui s’annonce, autant de sujets qui mobilisent ces parents.
Comprendre, analyser, s’outiller, décider d’agir et … agir. Mettre en place un Comité des parents quand il n’y a pas d’association des parents dans l’école.
Rencontrer le directeur (les directeurs successifs) à plusieurs reprises. Se faire (re)connaître et, enfin, aller jusqu’à demander à (exiger de) l’école la tenue d’un vrai Conseil de Participation.

Mots clés :


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