Recueillir et mettre en forme la prise de parole d’une diversité de personnes concernées et de bénéficiaires pour en favoriser la réception auprès d’une gouvernance associative.

Année : 2022

Thème : Du singulier au pluriel commun dans la démarche de recherche.

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CHAUDET VINCENT (France) – v.chaudet@arifts.fr

Résumé :

Dans cette communication, nous relaterons une expérience de recherche développée au cours d’une intervention récente, en 2021, au bénéfice d’une association d’intervention sociale qui emploie près de six cents salariés. Les administrateurs et adhérents de l’association ont souhaité, en effet, faire participer un ensemble de personnes bénéficiaires, adhérents, professionnels et partenaires en leur garantissant un espace d’expression et de libre parole, afin de nourrir leur réflexion au moment de rédiger une nouvelle version du projet associatif.
Nous présenterons tout d’abord le dispositif de recherche et méthodologique qui a consisté à recueillir et à retranscrire la parole et les propos de cent trente personnes impliquées (bénévoles, professionnels et bénéficiaires) suivant diverses modalités, co-construites avec le terrain et laissant la place à l’initiative de professionnels.
Nous aborderons ensuite la mise en œuvre de cette participation s’agissant de mettre en confiance l’ensemble des parties-prenantes au dispositif, notamment en explicitant ce que participer veut dire en référence, d’une part, aux degrés de la participation (Arnstein, 1969) et, d’autre part, aux conditions de production de la participation compte tenu d’une éthique de la recherche (Association sciences citoyennes, 2002, ATD Quart Monde, 2006, Conférence des présidents d’universités, 2017). Autant d’aspects permettant de lever toute ambiguïté à l’égard des participants et au niveau des chercheurs pour leur permettre d’intervenir en toute crédibilité, des utilisations de la participation à contre-emploi ayant pu en discréditer l’usage social.
Nous donnerons un aperçu de la collecte de données réalisée sous forme d’entretiens individuels (38x), de questionnaires (27x) et d’entretiens de groupes (10x) répartis par groupes de pairs (d’après le Croisement des savoirs, ATD Quart-monde). La saisie de l’ensemble des propos recueillis étant venu constituer un corpus hétérogène d’environ deux cent cinquante pages, ce qui s’est révélé être enjeu méthodologique nécessitant des approfondissements et ajustements entre chercheurs. Le corpus a ainsi été traité en tant qu’items à catégoriser puis à thématiser (Bardin, 1977, Bertaux 1971, Mucchielli, 1984).
Le processus de catégorisation ainsi conçu ouvre, à l’occasion de cette communication, sur une réflexion à propos du problème épistémologique posé par Boltanski et Thévenot (1987) lorsqu’ils se demandent comment utiliser des données issues d’une addition de cas particuliers pour aller vers une montée en généralisation, caractérisant le travail scientifique en sociologie. Dans le cas de notre recherche, le niveau de généralité correspond au rôle des administrateurs associatifs, rédacteurs du projet associatif, qui s’appuient sur la mise à disposition d’un corpus issu de la participation, en vue d’une élaboration politique des problèmes médico-socio-éducatifs, afin de viser leur résolution. Une opération consistant en quelque sorte à passer du singulier au pluriel, du particulier au commun, du localisé (institutionnellement parlant) au niveau territorial et globalisé (interdépartemental et régional) avec un arrimage socio-historique à retrouver auprès du mouvement de l’associationnisme (Henry, 2021) qui repose la question de la place spécifique des associations parmi les actions publiques et privées d’intérêt commun (Chaudet et Bernard, 2022).

Mots clés :

Participation, Recherche-action, Méthodologie, Association d'intervention sociale

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