L’éducation par le divertissement comme espace tiers à l’école : Une méthodologie de recherche peut-elle occuper une place d'altérité ?

Année : 2022

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

LAHEYNE cédric (France) – gil.73@icloud.com
GARCIA Gilles (France) – gilles.garcia@etsup.com

Résumé :

Cette contribution a pour but de revenir sur une recherche-action visant à promouvoir une analyse réflexive de l’expérience des acteurs scolaires et non-scolaires à la suite de la survenue de phénomènes de violence dans quatre écoles élémentaires de Nanterre. Les acteurs impliqués dressent le constat de problématiques de violence à l’école, lesquelles semblent s’exporter au-delà de la sphère scolaire, pour pénétrer le milieu familial et la vie associative et de quartier. Nous émettons l’hypothèse que les acteurs font face à des situations limites (Ravon et Vidal-Naquet, 2018) et s’estiment dans l’impasse du fait d’un manque de ressources et de la dégradation du climat scolaire. Ce constat est venu motiver la mise en place d’une intervention s’étalant de janvier à juin 2022, auprès de quatre groupes d’acteurs (enseignants, acteurs périscolaires, parents d’enfants et élèves), visant à mieux comprendre le phénomène de violence et à impulser des dynamiques collectives de changement.

Notre orientation méthodologique, que l’on retrouve dans la littérature anglophone à travers la terminologie « Art-based action research », vise à imbriquer les logiques scientifiques et artistiques dans une visée praxéologique et d’apprentissage (Singhal et Rogers, 1999). Dans un mouvement de l’action à la réflexion sur l’action (Vermersch, 1994), un diagnostic est d’abord mené dans chaque groupe afin d’identifier les causes et les effets des incidents. Puis, les membres engagent l’écriture de scénarios mettant en scène des personnages fictifs afin de rendre compte des éléments de diagnostic. Enfin, les différents groupes croisent leurs perspectives et formulent collectivement des transformations (Mezirow, 2001) à mettre en œuvre d’ici la prochaine rentrée scolaire. Des entretiens d’auto-confrontation (complétée par une analyse thématique de la composition des scénarios, Bardin, 2013) permettant aux sujets de produire un discours sur leur agir (Clot, 2008) face aux séquences filmées, et sur celles des autres groupes, sont réalisés pour dans le but d’étudier l’évolution des points de vue quant à l’apparition des violences (Moussay et Flavier, 2014). Cette co-production de savoirs et de sens favorise la professionnalité des acteurs dans la résolution de problèmes complexes (Bodergat et Buznic-Bourgeacq, 2015 ; Royer, 2016).

Cette stratégie d’intervention fait appel à différentes formes de divertissement telles que l’humour, la musique, la narration et la performance théâtrale pour augmenter les connaissances des membres sur une question éducative et créer des attitudes favorables (Morris, 2003 ; Wang et Singhal, 2009). Cette approche favorise également la prise en compte du point de vue d'autrui et permet de modifier les dynamiques de jugement social (Dépret et Filisetti, 2001). En ce sens, elle participe de la restauration du dialogue entre les différentes parties prenantes et permet de faire tiers dans les rapports de domination entre les acteurs (Tufte, 2005).

Mots clés :

Recherche-action, Action de groupe, Co-construction, Education-divertissement

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