Dénoncer les violences sexuelles sur mineurs :<br />Sortir de l’ombre mais pour quelle lumière ?<br />
Année : 2022
Thème : « Ce n'est pas la lumière qui manque à notre regard, c'est notre regard qui manque de lumière »<br />( c'est une citation de Gustave Thibon)
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
OLIVIER charline (France) – charline.olivier.pro@gmail.com
Résumé :
Résumé : mon propos se développe via une accroche historique puis au travers de questions 1 – 2 – 3 , avant de conclure par un partage de savoirs faire/être professionnels.
La question des violences sexuelles sur les mineurs n’est pas contemporaine ; et si elle est devenue en France un enjeu de santé publique et l’objet de lois fondatrices, l’humanité n’a pas attendu le 20ème siècle pour « penser » ces violences polymorphes. Deux siècles avant Jésus-Christ, le roi Hammourabi en Mésopotamie ordonnait deux articles de loi sur les sentences à infliger à l’auteur d’un viol ou d’un inceste. Deux millénaires après, pourquoi le silence, la honte et le secret obscurcissent encore tant nos regards ? Comment dénoncer ces abus, si la société ne flèche pas clairement le chemin vers ceux et celles qui peuvent recueillir ses souffrances ?
1- Dénoncer des violences sexuelles… oui, mais à qui ?
L’immense majorité des victimes de violences sexuelles durant l'enfance a été invitée à les taire à jamais ; mais ceux et celles qui trouvent en eux et autour d’eux suffisamment de ressources pour les dénoncer, s’entendent souvent rétorquer maladroitement « mais pourquoi tu n’en as pas parlé avant ? ». Oui, mais à qui ? Un chiffre doit être sans cesse rappelé : 94 % des violences sexuelles subies par des mineurs sont commises au sein de leurs deux premiers cercles relationnels. La moitié de ces abus se déroule stricto sensu dans le cercle familial et cette grande proximité entre l’auteur et la victime vient annihiler immédiatement sa prise de parole.
Malgré cette injonction au silence, chaque année en France, environ 30 000 mineurs parviennent à porter à la connaissance des forces de l’ordre puis de la justice les violences sexuelles qu’elles ont subies. Ces révélations sont majoritairement accompagnées par des adultes ; les parents quand cela est possible, une grande sœur, un autre membre de la famille élargie... mais elles sont aussi recueillies en nombre par des professionnels susceptibles de recueillir la parole d'un enfant victime.
2- Dénoncer des violences sexuelles… oui, mais comment ?
30 000 victimes mineures déposent plainte tous les ans en France, mais selon des enquêtes de victimation, ce seraient près de 130 000 filles et 35 000 garçons qui subiraient chaque année des viols et des tentatives de viols. Si cette estimation est juste, cela implique qu’à peine 19 % des victimes mineures sont prises en charge annuellement. Les victimes devenues adultes peuvent décider des années, voire des décennies après, d'en parler à un professionnel ou de déposer plainte. Comment accompagner cette démarche sereinement, en lien avec les évolutions sociétales et judiciaires?
3- Accompagner... oui, mais sans réactiver les victimes
Une victime qui s'engage dans un parcours de plainte va déjà devoir raconter toute son histoire à un gendarme ou un policier, puis en médecine légale, éventuellement devant un juge d'instruction, son avocat, un thérapeute... Chaque récit provoque un stress intense, des reviviscences, des cauchemars, des angoisses difficilement contrôlables ; et si ces rencontres sont indispensables pour alimenter une démarche judiciaire, nous avons le devoir d'accompagner les victimes en ayant bien en tête toutes ces étapes, pour les préserver.
Partage de savoirs faire/être professionnels
Accompagner les révélations d'une victime de violences sexuelles nécessite une expertise qui s'acquiert certes avec le temps, mais certains fondamentaux de savoir-être et savoir- faire devraient être enseignés dans les parcours de formation initiale des travailleurs sociaux, médicaux, éducatifs... mais aussi des forces de l'ordre.
Mots clés :
Question sociale, Intervention sociale et travail social, Politique transversale, violences sexuelles
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