Pilotage d' associations : entre participation des personnes directement concernées et fragilités...
Année : 2022
Thème : Compte-rendu et analyse d’expériences de vécu en lien avec des projets associatifs
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
ANDERFUHREN Marie (Suisse) – marie.anderfuhren@hesge.ch
FöLDHAZI agnes (Suisse) – agnes.foldhazi@hesge.ch
FöLDHAZI agnes (Suisse) – agnes.foldhazi@hesge.ch
Résumé :
PILOTAGE D'ASSOCIATIONS: ENTRE PARTICIPATION DES PERSONNES DIRECTEMENT CONCERNEES ET FRAGILITES
Compte-rendu et analyse d’expériences de vécu en lien avec des projets associatifs
La contribution proposée ci-après est faite par deux bénévoles-militantes qui participent chacune à un comité de deux associations où la participation de « personnes directement concernées » est centrale, travaillant avec d’une part des personnes travailleuses du sexe (Aspasie, 2020), et d’autre part des personnes LGBTIQ+ en situation de migration forcée (Asile LGBT, 2016 ; Blidon, Guérin-Pace, 2013).
DU COTE DES USAGER.X.ES
La stigmatisation (Goffman, 1963 ; Comte 2010) de certaines franges de la société empêchent les personnes qui en font partie de participer - même à minima - à une vie sociale. Cela entre en tension avec un idéal de participation reconnue (Courtel, 2008 ; Honneth, 2020) et vécue en sécurité. Pour pallier cela, certaines associations sont créées par des personnes « directement concernées » par les problématiques qu’elles affrontent. D’autres considèrent que la participation de certaines personnes de leurs publics à la prise de décision au sein de leurs structures constitue une condition sine qua non pour rester près des préoccupations des personnes concernées. Ces démarches visent à bénéficier des compétences et de l’expertise dont ces personnes disposent et elles permettent de lutter contre certaines formes d’invisibilisation (Honneth, 2005) et minorisation sociale (Blanchet, 2005 ; Jordan, 2009) dont peuvent souffrir ces publics.
Cependant, en participant aux activités de prise de décision, notamment en siégeant aux comités d’associations (conseils d’administration) qui travaillent sur les thématiques d’exclusion qui les concernent directement, ces personnes sont parfois aux prises avec des difficultés spécifiques. L’effort d’intégration qui est exigé d’elles (par exemple, pour des personnes migrantes, la maîtrise de la langue ou le travail exigé pour une reconnaissance des compétences) est très important et peut entrer en contradiction avec l’effort à consentir pour faire vivre une association. Ainsi, même si l’association a certes été utile à un moment donné de leur parcours, elle ne l’est plus vraiment, si grâce à leurs efforts personnels d’intégration menés ailleurs (insertion dans le travail, élargissement du réseau social, etc.) d’autres portes ont fini par s’ouvrir permettant de s’insérer socialement.
D’autres difficultés concernent le fait de ne pouvoir se reconnaître que dans une partie des combats menés par l’association parce que les publics de l’institution sont très hétérogènes, se revendiquent en termes de catégories et d’identité spécifiques de manière marquée, et parfois même en concurrence les uns avec les autres (Ros, 2018 ; Ros, Pongelli, Devillers, 2021).
Ces dynamiques personnelles peuvent fragiliser les instances décisionnelles de ces organisations qui ont besoin d’engagement à long terme des bénévoles.
UN PROCESSUS ASSOCIATIF QUI SE COMPLEXIFIE
Quelles que soient la variété et la richesse des compétences des membres de comités, leur engagement bénévole est parfois en décalage avec les exigences qui sont imposées aux associations pour qu’elles soient soutenues par des fonds publics et privés. En effet, la contractualisation exigée par les bailleurs de fonds -spécifiquement par l’Etat et les collectivités publiques- rend le travail des associations (dont les comités) très complexe. Cette tendance accentue les exigences de professionnalisme (gestion budgétaire, ressources humaines, travail en réseau, etc.) pour quiconque veut s’engager à titre bénévole dans une association (Battaglini, Dunand, 2015).
TENSIONS ET INSPIRATIONS
Toutefois, l’attachement à une cause et l’impression d’être inclus∙e, compris∙e, et considéré∙e, incite certaines personnes à s’engager malgré la sur-occupation qu’entraîne souvent l’effort exigé des individus pour qu’iels contribuent à leur intégration sociale. La contribution retracera les défis que l’hétérogénéité des comités peut poser, de même que les pistes de bonnes pratiques pour une « cohabitation » optimale.
Compte-rendu et analyse d’expériences de vécu en lien avec des projets associatifs
La contribution proposée ci-après est faite par deux bénévoles-militantes qui participent chacune à un comité de deux associations où la participation de « personnes directement concernées » est centrale, travaillant avec d’une part des personnes travailleuses du sexe (Aspasie, 2020), et d’autre part des personnes LGBTIQ+ en situation de migration forcée (Asile LGBT, 2016 ; Blidon, Guérin-Pace, 2013).
DU COTE DES USAGER.X.ES
La stigmatisation (Goffman, 1963 ; Comte 2010) de certaines franges de la société empêchent les personnes qui en font partie de participer - même à minima - à une vie sociale. Cela entre en tension avec un idéal de participation reconnue (Courtel, 2008 ; Honneth, 2020) et vécue en sécurité. Pour pallier cela, certaines associations sont créées par des personnes « directement concernées » par les problématiques qu’elles affrontent. D’autres considèrent que la participation de certaines personnes de leurs publics à la prise de décision au sein de leurs structures constitue une condition sine qua non pour rester près des préoccupations des personnes concernées. Ces démarches visent à bénéficier des compétences et de l’expertise dont ces personnes disposent et elles permettent de lutter contre certaines formes d’invisibilisation (Honneth, 2005) et minorisation sociale (Blanchet, 2005 ; Jordan, 2009) dont peuvent souffrir ces publics.
Cependant, en participant aux activités de prise de décision, notamment en siégeant aux comités d’associations (conseils d’administration) qui travaillent sur les thématiques d’exclusion qui les concernent directement, ces personnes sont parfois aux prises avec des difficultés spécifiques. L’effort d’intégration qui est exigé d’elles (par exemple, pour des personnes migrantes, la maîtrise de la langue ou le travail exigé pour une reconnaissance des compétences) est très important et peut entrer en contradiction avec l’effort à consentir pour faire vivre une association. Ainsi, même si l’association a certes été utile à un moment donné de leur parcours, elle ne l’est plus vraiment, si grâce à leurs efforts personnels d’intégration menés ailleurs (insertion dans le travail, élargissement du réseau social, etc.) d’autres portes ont fini par s’ouvrir permettant de s’insérer socialement.
D’autres difficultés concernent le fait de ne pouvoir se reconnaître que dans une partie des combats menés par l’association parce que les publics de l’institution sont très hétérogènes, se revendiquent en termes de catégories et d’identité spécifiques de manière marquée, et parfois même en concurrence les uns avec les autres (Ros, 2018 ; Ros, Pongelli, Devillers, 2021).
Ces dynamiques personnelles peuvent fragiliser les instances décisionnelles de ces organisations qui ont besoin d’engagement à long terme des bénévoles.
UN PROCESSUS ASSOCIATIF QUI SE COMPLEXIFIE
Quelles que soient la variété et la richesse des compétences des membres de comités, leur engagement bénévole est parfois en décalage avec les exigences qui sont imposées aux associations pour qu’elles soient soutenues par des fonds publics et privés. En effet, la contractualisation exigée par les bailleurs de fonds -spécifiquement par l’Etat et les collectivités publiques- rend le travail des associations (dont les comités) très complexe. Cette tendance accentue les exigences de professionnalisme (gestion budgétaire, ressources humaines, travail en réseau, etc.) pour quiconque veut s’engager à titre bénévole dans une association (Battaglini, Dunand, 2015).
TENSIONS ET INSPIRATIONS
Toutefois, l’attachement à une cause et l’impression d’être inclus∙e, compris∙e, et considéré∙e, incite certaines personnes à s’engager malgré la sur-occupation qu’entraîne souvent l’effort exigé des individus pour qu’iels contribuent à leur intégration sociale. La contribution retracera les défis que l’hétérogénéité des comités peut poser, de même que les pistes de bonnes pratiques pour une « cohabitation » optimale.
Mots clés :
Association locale, Participation, Complexité, personnes directement concernées
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