La parole des aînés : d'une injonction bienveillante au développement d'un agir citoyen

Année : 2022

Thème : De l’invitation à prendre part à l’injonction d’un devoir agir : forces et limites d’un processus participatif 

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

LELEU Myriam (Belgique) – leleum@helha.be

Résumé :

Le programme de recherche-action participative Wallonie Amie des Aînés (WADA), mené en Région wallonne de septembre 2016 à décembre 2020, a permis une rencontre triadique entre la recherche, des intervenants professionnels et des citoyens. De l’observation de cette rencontre ont émergé des retours d’expériences de personnes concernées au titre de chercheur, de travailleur social et d’aîné.

Cette communication se centre sur le triple vécu d’un processus participatif avec une attention particulière aux paroles et expressions des aînés, à l’aube du processus, durant celui-ci et au terme de la boucle que constituent les étapes de la démarche Villes Amies des Aînés.

Trois types de postures se dégagent :
- celle du chercheur, se transformant dans une prise de conscience parfois inattendue en une posture de passeur qui favorise l’émergence de collectifs réflexifs et d’une sociocratie,
- celle des intervenants professionnels dont des travailleurs sociaux marchant avec des collectifs d’aînés-citoyens, dans une posture professionnelle non pas experte mais à la découverte de paroles authentiques,
- celle d’aînés-citoyens, non pas usagers ou bénéficiaires de services et d’aides mais détenteurs de savoirs issus de leurs expériences mis au service de la construction d’une expérience autre, de l’ordre de l’inconnu.

Des aînés ont ainsi été invités à participer à une démarche visant à soutenir un vieillissement actif et en santé tels que définis par eux-mêmes. Ils ont eu l’occasion de développer des outils d’observation et d’analyse de leurs besoins, ensuite de faire connaître ces besoins au niveau de leurs autorités locales et d’éventuellement porter en actions les idées formulées.

Si le programme WADA porte en soi une visée de démocratie participative, s’il est agi par une portée délibérative, si sa nature peut même être qualifiée d’utopie démocratique en ce sens qu’il propose une parole et des voies vers l’action à des personnes supposées fragiles, diverses questions se posent quant à l’aspect virtuel ou réel de cette visée. Les paroles des aînés recueillies par des aînés auprès d’autres aînés via des entretiens, lors de focus groupes ou encore durant des diagnostics en marchant reflètent-elles un épiphénomène occupationnel ? Ne sont-elles que le fruit d’une instrumentalisation par des pouvoirs locaux ? Ou renvoient-elles à l’émergence effective d’une conscience collective, celle non pas de « vieux et vieilles en colère » mais celle de personnes qui fondent leur pensée et l’affirmation de leurs aspirations dans un processus délibératif et lui donnent ainsi un enracinement ?

Les paroles des aînés se sont développées dans le cadre d’un processus de co-construction, fortement inspiré de l’approche centrée sur le Développement du Pouvoir d’Agir des Personnes et des Collectivités (DPA-PC) de Yann Le Bossé. Ce qui a supposé des activités de diverses natures, d’expression et d’explicitation, d’argumentation et de questionnement, de négociation et de coopération, qui ont nécessité des espaces dialogiques où des aînés-citoyens ont pu « … se dire, faire, raconter et se raconter, ainsi que manifester leur imputabilité » (Ricoeur. 1990). Le caractère de cette imputabilité ou prise de responsabilité et capacité à décider et à mener une action rencontre l’autonomisation et une certaine liberté qui s’organise à partir d’un « Je peux … parler, faire des choses avec les mots (…), … agir, faire arriver des événements dans mon environnement physique et social (…), … raconter et me raconter, faire récit (…) et ainsi être imputable, sujet capable d’être comptable de mes actes... » (Revault d’Allonnes, 2011, p. 2).

La communication sera alimentée par les témoignages recueillis à la clôture du projet, lors d’une matinée d’échange rassemblant les partenaires du projet et dans une évaluation par questionnaire adressé aux participants à la démarche dans 6 communes pilotes et un regroupement de 11 communes d’un Groupe d’Action Locale (GAL).

Mots clés :

Co-construction, Autonomie, Citoyenneté, Fragilité, participation, accompagnement

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