Construire collectivement des savoirs pour comprendre le travail social : une démarche participative

Année : 2022

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CSUPOR Isabelle (Suisse) – isabelle.csupor@hetsl.ch
TARLA martina (Suisse) – mtarla@sosfemmes.ch
MERCOLLI Mauro (Suisse) – mauro.mercolli@eesp.ch

Résumé :

Depuis plus de trois ans, une collaboration étroite existe entre des enseignant·es de la Haute école de travail social et de santé Lausanne (HETSL) et l’équipe de La Consultation de l’association SOS Femmes, dont la mission consiste à « lutter contre les discriminations et les stigmatisations des femmes, liées notamment au genre, au travail du sexe ou à la migration dans la société et sur le marché de l’emploi par des actions de sensibilisation et d’insertion sociale et professionnelle » .
Cette équipe se saisit de toute opportunité (appels à communications, invitations, etc.) pour lancer une micro-recherche, problématiser un questionnement qui porte, tantôt sur des dimensions spécifiques du travail social (Csupor et al., 2021) tantôt comment se co-construisent entre les (ex-)travailleuses du sexe et les travailleuses sociales les parcours de sortie du travail du sexe (Aubry et al., 2019). Pour ce faire, des focus groups sont organisés avec les travailleuses sociales ou les consultantes, terme émique utilisé par l’association pour désigner les destinataires de la Consultation, ainsi que des séances d’analyse puis, de restitution.
Si la démarche en soi comporte des étapes somme toute classique d’une enquête qualitative, c’est la collaboration entre les partenaires qui fait la différence, notamment l’un des moments forts consiste dans la restitution auprès des différentes actrices. En effet, cette démarche prend appui sur les principes chers aux démarches de recherche participatives et s’inscrit dans une perspective constructiviste dans laquelle, le processus de recherche est au moins aussi important que les connaissances produites et les actions qui en découlent (Lyet & Paturel, 2012). Celles-ci considèrent les destinataires de l’action sociale et les travailleuses sociales (ici exclusivement des femmes) comme faisant partie intégrante de la recherche et porteuses de « connaissance savante » (Bonny, 2015).
Pour nous, l’intention est double. D’une part, donner la parole collectivement aux ex-travailleuses du sexe pour expliciter comment elles ont vécu la rencontre avec les travailleuses sociales de La Consultation – et parfois d’autres professionnel·le·s de l’action socio-sanitaire – et comprendre ainsi les éventuelles étapes du processus de sortie du travail du sexe, et d’autre part, de mieux saisir ce qui, dans l’accompagnement psychosocial, s’est révélé particulièrement porteur de sens pour elles.
La richesse des données récoltées s’accompagne d’un premier constat qui confirme l’intérêt de ce type de recherche-action collaborative pour la compréhension fine des métiers de la relation et de sa professionnalisation. Le partage d’expériences entre partenaires (enseignant·e·s chercheur·e·s, travailleuses sociales et destinataires) favorise une construction autopoïetique (Maturana & Varela, 1992) des connaissances avec l’émergence de « savoirs actionnables »
(Argyris, 2007) qui permettent la conscientisation des ressources de tous les acteurs et actrices impliquées, actionner ainsi un transfert de pratiques. En effet, depuis le début de cette démarche exploratoire, nous avons constaté une transformation, voire une reconfiguration de nos manières de considérer la recherche, de faire de l’intervention psychosociale et de l’enseignement. Un deuxième constat montre qu’avec l’avancement de la recherche nous constatons l’émergence d’un processus de reconnaissance (Honneth, 2015) pour tous et toutes les participant·e·s impliqué·e·s dans le processus, associé à un processus d’empowerment auprès des bénéficiaires (Ninacs, 1995) par la participation et le processus de conscientisation critique.

Lors du congrès de Bruxelles, nous souhaitons présenter d’une part le processus d’activation et de reconnaissance produit par la recherche et, d’autre part, les résultats qui illustrent de l’importance de ce type de démarche. La présentation sera co-animée avec une travailleuse sociale de SOS-Femmes qui retracera les enjeux déontologique et d’intervention d’une telle démarche.

Mots clés :

Recherche-action, Féministes, Secteur social, Travail du sexe

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