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Le passage à distance en période de crise sanitaire :<br />quel(s) impacts(s) sur la formation d'éducateurs de jeunes enfants ?

Année : 2022

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

RAINERI stéphanie (FRANCE) – s.raineri44@gmail.com – Enseignant ou formateur

Résumé :

La proposition de communication s’inspire du sujet de recherche de mon Master, concernant les impacts sur les interactions pédagogiques du passage de la formation en distanciel, pendant la crise sanitaire.

L’entrée en formation des étudiants correspond à leur « entrée dans la vie » (Lapassade, 1963), où de nouveaux repères sont à construire et à laquelle s’est greffé une modalité d’enseignement peu connue et non choisie : le distanciel, nécessitant une certaine autonomie. Avec la dimension particulière de la crise sanitaire, il importait de comprendre comment la rupture d’un certain équilibre impactait les apprentissages ou la construction de l’identité professionnelle. Je me suis alors inspirée des écrits de Kaës (1979 : 5) soulignant que « la mise au monde [est] mise en crise, mise à mort mais, nécessairement, création. La création est l’alternative de la vie aux composantes léthales de la crise ». Cette dernière ne semble pas systématiquement négative car elle fait appel à l’inventivité et la créativité, présentes en chaque individu, qui fondent la conscience de soi et s’inscrivent dans le cycle continuel des périodes de crises traversées par l’individu. La résolution progressive de la crise correspondrait au processus d’épiphanie décrit par Denzin (1989 : 141) comme un « moment d’expérience problématique qui illumine le caractère personnel, et souvent signifie un tournant de la vie d’une personne » ; alors les prises de conscience qui en résultent peuvent être à l’origine de transformations existentielles pour les étudiants, sinon de réajustement de leurs stratégies d’apprentissage.

La recherche a également permis de valoriser l’importance de créer de la présence à distance en formation. En présentiel ou en distanciel, les étudiants ont besoin d’être portés par le cadre de la classe, de l’institution ; rôle généralement investi par le professeur. Il est d’ailleurs usuel de considérer que le formateur à distance risque de perdre sa place dans le système éducatif car il n’est plus physiquement présent dans l’espace de la classe. Toutefois, les modalités de présence d’un individu ne se définissent pas seulement par sa présence physique, c’est pourquoi il parait nécessaire de créer de nouveaux repères et rituels pour familiariser progressivement les usagers à cette nouvelle relation pédagogique : des repères temporels, visuels, langagiers. Certains éléments, pensés par le formateur en lien avec l’institution, semblent alors indispensables pour accompagner cette adaptation et garantir le cadre de la formation : le réajustement du langage verbal, sonore et corporel ou encore la mise à disposition de nouveaux espaces de parole et d’échanges.

Le passage momentané de la formation en distanciel a confirmé la nécessité de faire appel à différents outils pédagogiques pour animer une séquence en visioconférence, d’y inclure des supports visuels et des modalités d’échanges variés : discours du formateur, partage d’expériences entre étudiants, travaux de réflexions en sous-groupe avec définitions de rôles spécifiques (secrétaire, gestionnaire du temps, rapporteur). La pédagogie institutionnelle propose également des outils de travail intéressants pour proposer des modèles de formation à distance aux étudiants. Je pense notamment au « quoi de neuf ? » ou encore au conseil de classe, s’inspirant de l’outil des « 4 L » qui désigne : « Lieu, Limite, Loi, Langage ». Ces instruments pédagogiques autorisent l’expression du « je » de l’étudiant : « des lieux de langage sont proposés en même temps que les limites de la loi sont présentées. Par l’acceptation de la loi, chacun se donne le moyen de rencontrer l’autre en lui permettant à son tour l’expression de sa singularité » (Serres et Cieutat, 2021).

S’engager dans les domaines de l’éducation et du social demande à l’individu de se décentrer progressivement de soi pour éduquer les générations à venir. Le dispositif de la formation à distance n’accélérerait-il pas ce processus pour les étudiants ?

Mots clés :


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