La posture de recherche en travail social dans un contexte de décolonialité au Canada : enjeux épistémiques et éthiques

Année : 2022

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

HAMISULTANE sophie (Canada) – sophie.hamisultane@umontreal.ca – Chercheur

Résumé :

Être considérée comme femme et racisée est à la fois le fait de s’inscrire dans des catégories sociopolitiques de rapports historiques de domination coloniale et le fait de vivre de multiples oppressions. Dans le cadre de cette communication, l’objet de recherche qui sous-tend ma réflexion porte sur la population des femmes asiatiques et permettra d’interroger une épistémologie de ma posture clinique en recherche (Giust-Desprairies, 2004 ; Hamisultane et al., 2018) étant moi-même d’origine vietnamienne.

Cette épistémologie de la posture clinique que j’interroge s’ancre dans une articulation théorique pluraliste qui sous-tend l’idée sous-jacente selon laquelle « la pratique scientifique a une émergence historique » (Foucault dans Hamisultane et al. 2022, p. 15). En d’autres termes, entrant dans l’axe 2 de l’appel, cette communication questionnera les paradigmes de la scientificité et donc du rapport à l’objet de recherche non plus par la lunette d’une norme positiviste de la neutralité demandée à la chercheure. Mais en tenant compte, historiquement, de la place sociale « de dominé » (pour reprendre l’expression bourdieusienne), dans ce cas-ci de femme racisée. Pour autant, l’idée n’est pas d’essentialiser cette place mais de l’interroger à la lumière d’injustices épistémiques (Fricker, 2007) qui obstruent l’apport d’autres savoirs. Or, comme le soutient De Souza Santos, « nous avons des problèmes modernes pour lesquels il n’existe aucune solution moderne » (2011, p. 32).

Ainsi, quel savoir privilégier dans des pratiques émergentes de recherche en contexte de décolonialité au Canada ? Ce contexte étant notamment marqué, depuis quelques années, par une série d’évènements ayant eu pour conséquences quelques crises sociétales notamment concernant les questions de racisme systémique. Ces crises remettent en question la structuration du pouvoir et ont une origine historique (Barus-Michel, Giust-Desprairies et Ridel, 2014), Je tenterai, dans cette communication, d’apporter quelques recommandations sur cette posture clinique en recherche.

Dans un premier temps, je poserai le cadre de ma recherche avec des femmes asiatiques pour contextualiser mes questionnements ; serviront de données à mettre en discussion dans cette communication. Dans un deuxième temps, je poserai le cadre théorique de la clinique en sciences sociales – s’inscrivant dans différent courant de la théorie critique, la sociologie clinique et critique - et des théories pluralistes de la décolonialité qui me permettront de soutenir mon argumentation, dans un troisième et quatrième temps. Ainsi, il ne s’agît pas dans cette communication de rendre compte de données directes de recherche, mais d’analyser, discuter, des éléments subjectifs dans le but de construire une réflexion épistémologique tenant compte des questions éthiques de la posture de recherche en travail social. Cette prise de conscience, comme la désigne Bouilloud (2009), est une « responsabilité dont il ¬[le chercheur] ne peut s’affranchir » (p. 66).

Mots clés :

Décolonoialité, femme, enjeux épistémiques, éthique, crises, posture clinique

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