LARIVIERE Claude (Canada) – claude.lariviere@umontreal.ca – Chercheur

Les années passent et méritent qu’on soit capable de jeter un regard critique sur l’importance des pratiques émergentes dans différents contextes ainsi que les apprentissages qui en découlent et qui constituent un leg pour la continuité de l’action sociale.

Ma trajectoire commence avec une rencontre significative avec Paulo Freire qui me fait découvrir l’importance des auto-apprentissages individuels et collectifs comme base d’une autonomie accrue » Mon engagement dans un regroupement de citoyens autour d’un enjeu local mobilisant me permettra de mettre en œuvre l’apprentissage de cette pratique émancipatoire.

Confronté avec le chômage élevé des jeunes, une rencontre avec Saul Alinsky me convaincra d’utiliser les démonstrations symboliques permettant d’amplifier le message lorsque nous sommes dépourvus de moyens importants face à l’inertie de l’État, en lançant l’Opération Alarme.

Constatant les limites des actions locales souvent isolées, comme bien d’autres militants nous avons regroupé nos forces pour une politisation des enjeux du pouvoir local dans le cadre du Front d’action politique (FRAP), ébauche d’un futur parti politique montréalais réunissant les forces progressistes de la société civile.

Préoccupé des limites de l’action institutionnelle des services sociaux et croyant fermement à la capacité des personnes en difficultés de s’auto-organiser nous avons explorer la ressource que pouvaient constituer les groupes d’entraide et toutes les formes de prises en charge par le milieu.

Devenu gestionnaire en Centre local de services communautaires (CLSC) nous avons ensuite exploré différentes formes d’innovation sociale : passant de l’action des intervenants de milieu à la collaboration inter-organisationnelle en jeunesse et en santé mentale.

Comme chercheur, un défi majeur consistait à développer des modèles de concertation entre les organisations publiques et avec les organismes communautaires pour s’assurer que les besoins des jeunes à problèmes multiples puissent recevoir une réponse adaptée.

Promouvoir l’interdisciplinarité nous est rapidement apparu nécessaire pour faire face à la complexité des besoins des usagers et au mode d’organisation des services où se côtoient des professionnels de la santé et des services psychosociaux.

Les politiques ultra centralisatrices et autoritaires adoptées en temps de crise donnent des résultats tragiques du point des intervenants et gestionnaires du réseau public du Québec. En prenant leurs pouls à travers un sondage nous constatons que les gains professionnels et humains des quarante dernières années sont effacées par l’action d’un seul ministre en quelques années.

Quels que soient au plan individuel, collectif ou organisationnel, des pratiques innovantes s’Imposent pour permettre des changements sociaux. Mais elles comportent aussi des limites dont il faut être conscients et peuvent toujours être renversées, particulièrement en contexte de crise.