KHOURY Emmanuelle (Canada) – Emmanuelle.khoury@gmail.com – Chercheur
ELIAS berna (Canada) – berna.elias@umontreal.ca
Richard Myriam (Canada) – myriam.richard.1@umontreal.ca

L’incertitude et la complexité sont inévitables dans la pratique du travail social. Comme le travail social porte sur des problèmes sociaux, économiques et politiques, les personnes étudiantes sont confrontées dans leurs milieux de stage à des situations complexes, souvent porteuses d’immenses souffrances et de détresses. L’exacerbation des inégalités sociales dans les dernières années contribue à cette souffrance, surtout en contexte de la pandémie COVID-19. Ainsi, les résultats d’un sondage effectué dans le cadre du projet de maîtrise d’une étudiante à l’École de travail social de l’Université de Montréal (Fadel, 2021) auprès des personnes étudiantes indiquaient que 91% des répondants souhaitaient que des formations pour le développement personnel des intervenants sociaux soient offertes de manière plus approfondie.
Les pratiques contemplatives, telles que la pleine conscience, la visualisation et l’autocompassion, offrent l’opportunité d’un apprentissage approfondi sur soi, autrui et sur la relation entre soi et autrui afin de faire face à cette complexité et à l’incertitude (Barbezat & Bush, 2014). Ces pratiques ont un grand potentiel pour renforcer l’enseignement et l’apprentissage des valeurs en travail social telles que la justice sociale, ainsi que certaines compétences essentielles à la pratique comme la réflexivité critique. Toutefois, l’impact des pratiques contemplatives sur le processus d’apprentissage du savoir-être, le soutien du bien-être et le développement d’un sens de la justice sociale est peu abordé en travail social (Wang, 2021; Wong, 2004, 2013; Warren & Chappel Deckert, 2019). L’objectif général de cette présentation est de discuter de l’expérience de l’implantation des pratiques contemplatives dans la formation en travail social à l’École de travail social à l’Université de Montréal ainsi que l’appréciation des personnes étudiantes de ces pratiques. À l'aide d'une méthodologie qualitative comprenant des journaux réflexifs et des groupes de discussion, nous avons rencontré 12 étudiants en travail social au cours de quatre ateliers contemplatifs sur la justice sociale. Les résultats montrent une forte appréciation pour l'intégration des pratiques contemplatives dans l'enseignement du travail social comme vecteur de soutien du savoir-faire relationnel, de l'éducation à l'antiracisme et de la réflexivité critique. Les pratiques contemplatives sont perçues avec curiosité et intérêt, mais il est nécessaire de comprendre comment relier de manière pratique la contemplation aux compétences fondamentales du travail social afin de favoriser une mise à l'échelle réfléchie dans les programmes d'études actuels. Les limites et les contre-indications seront également discutées.

Approche globale, formation, travail social, pratiques contemplatives, pleine conscience, réflexivité, savoir-être