MIDREZ PASCAL (Belgique) – p.midrez@helmo.be – Enseignant ou formateur

Soutenue par la Haute Ecole Libre Mosane, une recherche intitulée “Les cultural studies en contexte d’urgence écologique et de changement social” a été menée entre 2019 et 2022 et a été présentée lors du congrès Aifris à Bruxelles en juillet 2022.
Basée sur trente-neuf entretiens semi-ouverts avec des migrants, des militants écologistes, des Gilets Jaunes, des bénéficiaires d’aides sociales, des squatteurs, des zadistes… cette recherche révèle différentes orientations, propositions et pratiques récurrentes. Dès lors, comment intégrer ces pratiques émergentes dans un contexte de formation d’éducateurs spécialisés ? Autrement formulé, comment intégrer une véritable dimension de durabilité dans le champ de la formation en travail social ?

‘Travail social et développement durable’… l’association de ces deux termes pose effectivement une équation complexe. A contrario de la responsabilité individuelle, le point central et systématiquement transversal amené par cette recherche se réfère à l’émancipation, non seulement culturelle mais surtout structurelle. Cela confère une précision déterminante quant à la définition que nous pouvons appliquer au terme de durabilité en travail social. La finalité suggérée est claire. Il s’agit de renverser les rapports de pouvoir entre l’état et la société civile en transférant les ressources politiques et les capacités organisationnelles vers la société civile.
Devenue incontournable en travail social, la méthodologie du projet ouvre un flanc à une adaptation ciblée sur une durabilité pareillement définie. Durant les trois années de recherche, les étudiants ont été associés au questionnement dans le cadre d’un cours de méthodologie du projet, et, in fine, nous sommes en mesure de présenter une méthodologie du projet émancipatrice dans une perspective de travail social durable. Ce sera l’objet de cette communication.

Enseignée depuis septembre 2022, cette méthodologie est construite autour des entretiens et de certains cadres théoriques induits par la recherche et par l’expérimentation. Ainsi s’imposent les concepts d’écologie sociale développés par Murray Bookchin et la théorie des besoins humains fondamentaux proposée par Manfred Max Neef. Par ailleurs, afin de définir le contexte du projet, nous nous sommes inspirés de la théorie écologique des systèmes de Urie Bronfenbrenner (1979). Cela nous permet d’identifier une cascade d’impacts à différents niveaux. Les objectifs spécifiques correspondent au microsystème et à l’impact direct sur les acteurs, les objectifs généraux sont associés à l’exo-système et aux impacts institutionnels, et, enfin, la finalité concerne le macro système et l’impact sociétal. Le projet correspondant dans sa volonté émancipatrice aux mésosytèmes qui permettent aux microsystème d'être en relation directe (et donc d'impacter) le macrosystème.
En référence aux 4 grandes phases classiques (évaluation ex-ante, phase d’élaboration, phase de réalisation et évaluation ex-post), nous identifions 4 concepts transversaux ou permanents : la co-action, la communication durable, la posture de révélateur de ressources et l’évaluation émancipatrice. Au sujet de cette dernière, nous proposons l’utilisation d’un outil innovant : le chronogramme évolutif. Reproductible sur un mur ou autre support, ce chronogramme est co-construit et les publics y ont un accès permanent. Cet outil sert à la fois de plan d’action et de plan de communication mais il mesure également le niveau de co-action, le rapport incessant à entretenir avec la finalité ou encore les indicateurs, qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs. Tout au long de la phase de réalisation, cet outil permet de capitaliser l'information pour l'évaluation analytique ex-post mais surtout, il permet à tous les acteurs du projet d’intervenir en permanence en ce qui concerne l’évaluation continue.
Appliquée en stage par certains étudiants dès février 2023, nous aurons collecter les premiers retours d’expérience pour le prochain congrès de l’Aifris.

Intervention sociale et travail social, Développement durable, Méthodologie