Modestes pratiques formatives alliant l’écologie et le travail social
Année : 2023
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
TOUSTOU Marie (France) – mtoustou@erasme.fr – Enseignant ou formateur
Résumé :
Axe 4 - Acteurs de l’action sociale, de la recherche et de la formation autour des pratiques émergentes : expériences et mises en savoirs
Formatrice à l’institut de travail social d’Erasme, je travaille sur l’écologie et sa déclinaison dans le travail social. Je pars de deux postulats : le premier est la pensée que nous avons tous et toutes une capacité d’action pour restaurer du vivant et vivre au mieux avec la planète sans la détruire. Et le second c’est que la justice sociale et la justice environnementale sont indissociables. Depuis trois ans, je donne des cours sur l’écologie politique avec des éducateurs spécialisés et des moniteurs éducateurs en lien avec le travail social. Mes interventions sont ensuite déclinées en actions concrètes. Ex : Cours le matin puis mise en application l’après-midi avec le projet de ferme urbaine et de jardin pédagogique des Pradettes ; une semaine de vie collective avec un projet écologique et social à La Pouzaque, avec la co-création avec les étudiant.es de fiches pédagogiques articulant projet écologique et réalisation d’ateliers ; des stages de 80 heures dédiés à l’écologie pratique.
Cette thématique est transversale à la formation et aux métiers du social. A Erasme, nous travaillons avec un écosite et nous nous appuyons sur le savoir expérientiel des acteurs écologiques du mouvement social. Par ailleurs, je suis intervenue dans un séminaire sur l’écologie pour toutes et tous sur ce sujet dans le cadre de l’ATECOPOL.
Cette communication porte sur l’écologie et le travail social. Les questions environnementales font actuellement partie des grands révélateurs qui permettent à nos sociétés de s’interroger sur ce qu’elles sont. La crise écologique et la crise sociale sont imbriquées et nous concernent. Celles-ci impactent de façon directe les plus vulnérables d’entre nous sur les droits humains comme l’accès à l’alimentation, à la santé, aux logements, migrations climatiques… Historiquement, et particulièrement en France, le travail social a laissé le travail de la justice environnementale à des associations et ONG. Avec le dernier rapport du GIEC et en s’appuyant sur la définition du Travail Social International , nous pouvons travailler ces liens dans le cadre de notre mission de formation. Faire vivre les droits humains, c’est sensibiliser les étudiant.es à la lutte contre les atteintes à l’environnement. C’est pourquoi nous allons définir les liens théoriques entre ces deux thématiques, le mouvement social de l’écoféminisme et les enseignements à tirer de ces pratiques émergentes.
Pour ce travail, j’ai pris appui sur l’atelier d’écologie politique ATECOPOL sur la partie écologique et transdisciplinaire. Il est apparu le besoin de repenser le travail social autrement avec l’écologie profonde (Arne NAESS ). Nous partons du postulat que la personne est indissociable de son environnement et que ce dernier fait intégralement partie de sa personne.
Nous pouvons aussi faire des liens avec le concept du Care (Joan TRONTO et Bérénice FISCHER ). Celui-ci renvoie aux valeurs de la pratique des travailleurs sociaux : sollicitude et soin.
La crise environnementale et l’intervention sociale peuvent aussi être pensées à partir du concept de l’entraide. L’entraide, développée par Pablo SERVIGNE inclut la nécessité de coopérer pour survivre mieux. Le convivialisme défini dans un manifeste par Alain CAILLE comme « la pensée, la recherche d’un art de vivre ensemble (con-vivere) » qui valorise la relation et la coopération, et permet de s’opposer sans se massacrer, en prenant soin des autres et de la nature. Nous le mettons en lien avec l’éducation populaire dans laquelle nous sommes inscrits et l’expérimentons avec les étudiant.es dans les séjours de vie collective et dans les conseils de promotion.
Le mouvement social de l’écoféminisme nous semble porteur d’intérêt pour appréhender de quelle manière les rapports sociaux de genre viennent-ils impacter notre environnement ? Les femmes sont-elles en situation pour influencer les politiques environnementales ? Les hommes « au pouvoir » sont-ils prêts à entendre ce que les femmes font et préconisent pour lutter pour la préservation de la planète ?
Le travail social vert (TVS) peut être à la fois une pratique inspirante et émergente. Inspirante, car elle est centrée sur une éthique de soin englobant les personnes, les plantes et les animaux. Elle nous invite à nous appuyer sur les compétences de base des travailleurs sociaux et des étudiant.es en formation (care, entraide, Lena DOMINELLI) . Elle propose une analyse politique en critiquant le libéralisme et l'incapacité de la société à assurer la distribution équitable des ressources de la Terre pour répondre aux besoins humains en assurant leur bien-être et ceux de la planète Terre aujourd'hui et à l'avenir (DOMINELLI L., 2012, 2013) . Les enjeux sont également de rendre la parole des personnes concernées et des travailleurs sociaux sur l’espace politique et de les rendre participant.es.
Elle est émergente car elle répond à la définition du travail social international, en termes de changement social, d’émancipation, de protection du vivant et d’implication citoyenne. Elle nous invite à aller plus loin et à nous inscrire davantage dans le mouvement social.
Mots clés :
← Retour à la liste des articles