Tremblay Sabrina (Canada) – sabrina_tremblay@uqac.ca – Chercheur
BERGERON-LECLERC Christiane (Canada) – Cblecler@uqac.ca

Travailler est un fait social. Il détermine non seulement la place de l’individu dans la société, mais il est aussi son principal moyen de subsistance (Méda, 2004). Or, une part non négligeable de personnes sont exclues de cette société salariale : les jeunes décrocheurs, les cheffes de famille monoparentale, les chômeurs et chômeuses âgés, les personnes vivant avec un trouble de santé mentale, les personnes avec difficultés d’apprentissage, les personnes toxicomanes, les personnes judiciarisées et les personnes avec incapacités physiques (ministère de l'Économie et de l'Emploi, 2008). Ces personnes peinent à intégrer de façon durable le marché du travail québécois.

Au Québec, il y a 47 entreprises d’insertion qui œuvrent auprès des personnes qui nécessitent un accompagnement en ce sens (Collectif des entreprises d'insertion du Québec, 2021). Cette mission est cruciale, car elle permet à des personnes vivant dans la pauvreté et l’exclusion d’acquérir des outils pour s’extirper du cercle d’appauvrissement dans lequel elles sont engagées (Alberio & Tremblay, 2014). Or, ces organismes rencontrent actuellement plusieurs défis : spirale de déqualification dans laquelle plusieurs jeunes sont pris en raison du phénomène de rareté de la main-d’œuvre (intensifié par la crise socio sanitaire), ce qui complique le maintien en emploi par la suite; manque d’ouverture à la diversité culturelle, sociale ou générationnelle de certaines entreprises; mutation rapide du marché du travail qui complique le transfert de compétence pour les personnes plus vulnérables; alourdissement observé de la clientèle qui cumule de plus en plus de facteurs d’éloignement du marché du travail; multiplication des acteurs conjuguée à une lourdeur administrative (Axtra, 2019) et tout cela, dans un contexte où ces entreprises doivent conjuguer performance économique et mission sociale (Alberio & Tremblay, 2014). Plusieurs entreprises d’insertion sont ainsi à la recherche de solutions innovantes pour faire face à ces défis. C’est dans cette lignée que notre projet de recherche-action a été réalisé.

La communication présentera les résultats de notre étude menée en 2022 avec l’entreprise de réinsertion Équitem (Québec, Canada). L’objectif général était d’améliorer et d’uniformiser l’approche globale d’intervention d’Équitem afin de favoriser l’inclusion socioprofessionnelle et le maintien en emploi à long terme de sa clientèle (nommée participants) éloignée du marché du travail. Pour y parvenir, deux stratégies ont été déployées. D’abord, une recension des écrits à propos des meilleures pratiques d’insertion et d'accompagnement en emploi a été également réalisée et comparée aux méthodes et pratiques d’Équitem. Puis, des entretiens de recherche semi-dirigés ont été réalisés avec les intervenants (n=7) et les participants (n=13) de cette organisation. Notre étude a permis de dégager des pratiques ciblées de formation et d’intervention qui favorise la réinsertion professionnelle ainsi que le maintien en emploi sur le long terme. Elle révèle aussi et surtout qu’une plus grande complémentarité entre la formation auprès des adultes et le suivi psychosocial est nécessaire pour soutenir adéquatement les personnes très éloignées du marché du travail.

Recherche-action, Insertion, Pauvreté, emploi et travail