PDF FR

MASDOUMIER sandrine (FRANCE) – masdoumiersandrine@gmail.com – Enseignant ou formateur

En tant que cadre pédagogique, j’ai pu élaborer un module autour de l’aller vers pour les étudiants de 1ère année. Il semblait pertinent de pouvoir les sensibiliser précocement sur ces nouvelles modalités d’accompagnement.
Sa construction m’a conduit à la recherche d’apports théoriques et de concepts scientifiques. Force fut alors de constater que cette notion bien que devenue langage courant ne donne lieu ni à un concept consensuel ni à une littérature foisonnante.
Divers points d’appui et auteurs sont venus alimenter mes connaissances et ma réflexivité sur cette notion. En cela, la définition du groupe de travail qui a édité la note de cadrage sur la formation aller vers fut un premier élément. Celle-ci énonce que l’aller vers s’entend au-delà de toute intervention sociale habituelle et qui fait suite à une demande exprimée. Cela entraine alors un questionnement autour de la mise en œuvre possible de cette posture avec les contraintes à l’œuvre dans le secteur ? La proactivité, élément fondateur de l’aller vers est-elle conciliable avec ces enjeux ? En outre, cela suscite également une question prégnante : les étudiants sont-ils assez coutumiers de ces injonctions parfois paradoxales afin de pouvoir se situer ?
Ensuite la Stratégie Nationale de Prevention et de lutte contre la Pauvreté vint également contribuer à l’élaboration du contenu. Elle amena également des questions : une pratique innovante peut-elle s’institutionnaliser alors même qu’elle n’est pas totalement conceptualisée ? Son institutionnalisation ne va-t-elle pas tendre vers sa rationalisation ? En cela, Rene LOURAU contribua à une possible analyse.
Des pratiques plus anciennes peuvent-elles alors être déjà qualifiées d’aller vers ? N’est-ce pas situer son intervention dans le préventif davantage que le curatif ?
Les articles de Didier DUBASQUE vinrent alors enrichir ma réflexion. Ainsi, Il énonce qu’il s’agira d’opérer une déconstruction afin de ne pas rester dans la logique de déplacement mais d’entendre ce process comme une philosophie de l’action et une démarche proactive. Cela a constitué mon leitmotiv inspirant puisque je suis attachée à situer les étudiants dans une posture réflexive et non comme des pourvoyeurs de dispositifs.
Roland JANVIER contribua également à nourrir mon abord réflexif du module. Il amena des questions autour de l’acceptation du pas de côté par exemple. Certaine de ce que je souhaitais distiller, l’enjeu était la faisabilité du module auprès des étudiants. Il fut intrinsèquement lié à l’abord d’autres notions telles que la non demande, le non recours et l’implication et la participation des personnes. En effet, l’abord de l’aller vers ne suppose-t-il pas d’être enclin à comprendre ces différents termes ?
Le choix fut une approche assez philosophique avec des essais de définitions mais également des questions ouvertes amenant une posture réflexive de chacun particulièrement autour de l’abord par le travailleur social de l’incertitude et de l’altérité et également une mise à profit des savoirs expérientiels antérieurs des apprenants.
Enfin, cette séquence amenait à la proactivité comme notion prégnante, cela a commencé par celles des étudiants sur la réflexion, la construction et l’organisation de la table ronde venant conclure ce module et pendant laquelle ils ont pu mesurer la diversité des pratiques à l’œuvre. L’évaluation faite en première intention par l’ensemble des protagonistes démontre un intérêt certain à aborder ce module précocement dans le parcours formatif. Des questions et pistes amélioratives demeurent cependant autour des termes et enjeux .
Pour conclure ce module avait une ambition à la fois modeste dans le contenu conceptuel transmis et immense dans la construction réflexive et éthique de chaque étudiant de sa future pratique.