sasseville nathalie (CANADA) – nathalie_sasseville@uqac.ca – Chercheur

Toute personne, peu importe son pays d’origine, son statut socioéconomique ou sa communauté d’appartenance peut être victime de violence conjugale (VC) (Ozturk et Albright., 2019). La violence conjugale (VC) est à ce titre un problème de santé publique qui entraîne des conséquences graves pour la santé (WHO, 2013).
Certains groupes sont plus vulnérables à cette violence en raison de contextes particuliers dont les personnes handicapées, aînées et immigrantes (HAI). De manière générale, la réalité de ces femmes est passée sous silence et celles qui cumulent plusieurs de ces contextes l’est davantage. Cela s’explique par le fait que la littérature scientifique s’est surtout concentrée sur la violence vécue par les jeunes femmes occidentales vivant au sein d’un couple hétérosexuel (Brownridge, 2009). De plus, lorsqu’elle aborde les contextes de vulnérabilité, elle le fait de manière compartimentée (ex une femme âgée, immigrante, ou handicapée), contribuant à occulter le fait qu'une personne puisse cumuler plusieurs de ces contextes à la fois. Or, les milieux de pratique confirment que les personnes HAI ou cumulant plusieurs de ces contextes constituent un profil souvent retrouvé au sein de leur clientèle. Ces femmes se situe dans une crise silencieuse en raison de la précarité de leur situation qui est complexe et dont la sortie de la violence est assujettie à des obstacles supplémentaires (Sasseville, 2017;2020).
Jusqu’à présent, les chercheurs se sont principalement concentrés sur l’expérience de victimisation (prévalence, forme, conséquence) des femmes H, A, I. Ces mêmes observations s'appliquent d’ailleurs lorsqu’il s’agit de documenter les stratégies qu’elles déploient pour recourir à de l’aide (Weeks & Leblanc, 2011). Les études disponibles mettent à jour les multiples défis auxquels ces femmes sont confrontées incluant la présence de stéréotypes et de préjugés (Ponce et al., 2014 ; Sormanti & Shibusawa, 2008), le manque d’adaptation à leurs besoins (Bonomi et al., 2007; Office des personnes handicapées du Québec, 2010) et le manque d’accessibilité à des ressources de soutien (Office des personnes handicapées du Québec, 2010; Castro Zavala, 2013). Ces études ne permettent pas toutefois de savoir réellement ce qui caractérise leurs différents besoins de soutien. De surcroît, les différences ou les ressemblances dans les comportements de recherche d’aide de ces populations vulnérables restent plutôt méconnues. Pourtant, en apprendre plus sur leur vécu et sur les aspects qui affectent leur recherche d’aide et l’obtention de celle-ci demeurent des éléments clés pour pouvoir proposer des services et des interventions adaptés à leur réalité et besoins (Cho et al., 2021).

Cette présentation s’appuie sur les résultats d’une recherche qualitative visant à décrire les stratégies de recherche de soutien préconisées par les femmes HAI ainsi que les enjeux relatifs à cette recherche. Pour ce faire, 18 femmes Hai ont été interrogées dans le cadre d’une entrevue semi-dirigée visant à mieux comprendre leur vécu. L’analyse de contenu s’est appuyée sur le concept de social en posant un regard intersectionnel sur les stratégies de recherche d’aide utilisée en fonction des différents groupes d’appartenance.
Les résultats de cette étude mettent en lumière que ces femmes sont confrontées à des obstacles plus diversifiés avant d’accéder à du soutien. La recherche d’aide serait motivée par l’interaction de facteurs internes, externes, socioculturels et systémique. Malgré les obstacles vécus, ces femmes tendent à utiliser une variété de ressources d’aide formelle et informelle tandis que les services policiers sont les moins utilisés. Les résultats de cette étude mènent à dégager les pratiques émergentes qui permettraient de mieux répondre aux besoins de ces groupes de femmes.

Complexité, Bonne pratique, Femmes, Violence conjugale; populations vulnérables