Les pratiques de participation des personnes aînées en contexte pandémique : émergence, résistance et continuité

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

MARCHAND isabelle (Canada) – isabelle.marchand@uqo.ca – Chercheur
LAAU-LAURIN olivier (CANADA) – laao03@uqo.ca

Résumé :

Les personnes aînées ont été durement éprouvées par la pandémie de COVID-19 et les mesures sociosanitaires associées. Entre autres, les visites non essentielles dans l’ensemble des milieux de services et d’hébergement du continuum de soins de longue durée au Québec ont été interdites pendant plusieurs semaines « afin de protéger les personnes les plus vulnérables ainsi que le personnel du réseau de la santé et des services sociaux » (Gouvernement du Québec, 2020). Or, le Québec a connu un des plus hauts de mortalité des personnes âgées habitant en centre d’hébergement. Cette « hécatombe », pour reprendre les termes du Dr Réjean Hébert, gériatre et ancien ministre de la Santé, est à mettre en lien avec « l’âgisme compassionnel » (Vervaecke et Meisner, 2021). Dans ce contexte pandémique, Fraser et un collectif de chercheur.se.s au Canada évoquent le paternaliste de l’État en raison des représentations homogénéisantes des personnes aînées, dépeintes comme toutes vulnérables (Fraser et al, 2021). Au Québec, la Ligue des droits et liberté (2020) a fortement critiqué le fait que leur autonomie et droits en matière d’autodétermination ont été remis en cause de manière radicale et arbitraire. En outre, avec Dangoisse et ses collègues (2021), nous faisons l’hypothèse que la pandémie a exacerbé l’âgisme envers les personnes ainées.

Ainsi, les pratiques discursives de l’État québécois envers les personnes aînées sont venues alimenter les stéréotypes âgistes qui perdurent, par exemple, le fait de les voir comme des personnes « receveuses passives de soins », « inactives », « fragiles » (Buffel, 2018; van Hees et al, 2015; Trentham et Neysmith, 2017). Or, dans la réalité, nous savons que l’implication bénévole des personnes aînées est importante au sein de la société. Ce sont d’ailleurs les femmes aînées qui ont le plus grand nombre de pratiques participatives (Levasseur et al., 2018). Rappelons à cet égard que la participation sociale et citoyenne est au centre du développement des communautés (Levasseur et al., 2018); elle implique une forme de responsabilité à la fois collective et individuelle d’agir comme une personne citoyenne responsable pour l’amélioration des conditions de vie d’une communauté. Toutefois, l’apport des personnes aînées dans les communautés reste méconnu, voire invisible, surtout lorsque les pratiques de participation se déploient en dehors des structures associatives ou organisationnelles.

Nos récents travaux, menés en contexte pandémique, et en partenariat avec la Table de concertation régionale des ainés des Laurentides, montrent l’importance des pratiques de participation sociale des personnes ainées durant la pandémie et, plus largement, dans le développement des communautés locales. Ils révèlent aussi leurs réactions aux discours âgistes qui ont dominé l’espace public au Québec.

Notre communication propose de mettre en lumière les pratiques participatives émergeantes des personnes ainées en contexte de pandémie, lesquelles sont venues se greffer à d’autres pratiques déjà existantes, accomplies au sein des communautés locales. Ces pratiques émergentes de participation révèlent à la fois la résistance des personnes aînées aux discours âgistes, leur capacité d’action dans un contexte d’urgence social ainsi que leurs apports essentiels au tissu social et communautaire. L’analyse s’attardera également aux potentiels des pratiques émergeantes, aux processus sous-jacents et aux enseignements à tirer afin de cheminer vers le développement de communautés bienveillantes.

Mots clés :

Participation, Acteur de développement, Action communautaire, Personnes aînées

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