La participation des jeunes pendant le placement dans le système de protection de la jeunesse et ses impacts sur le processus d'autonomisation et de transition vers la vie adulte

Année : 2023

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

Vargas Diaz Rosita (Canada) – rosita.vargas-diaz@tsc.ulaval.ca – Chercheur
COTEGUIMOND Jessica (Canada) – jessicacoteguimond@hotmail.com
ROY emilie (CANADA) – emilieroy09@gmail.com
GAGNE jessy (CANADA) – jessygag@hotmail.fr
CARON geneviève (Canada) – gencaron24@hotmail.com
PARTOUCHE marcelle (Canada) – marcelle.partouche.g@gmail.com

Résumé :

La participation « est le processus qui consiste à impliquer les jeunes dans les institutions et les décisions qui affectent leur vie », mais d’une manière active ayant une réelle influence (Checkoway, 2011, p. 341). Dans le domaine spécifique de la PJ, cela concerne trois dimensions : les activités de la vie quotidienne, la planification des interventions et les aspects institutionnels et politiques (Faisca, 2021). En plus d'être un droit fondamental, la littérature fait état de plusieurs effets positifs de la participation pour les enfants et les jeunes, dont le fait d’accroître la confiance en soi, l'estime de soi, le sentiment de contrôle et de maîtrise sur sa vie (ex. Healy et Darlington, 2009; Rap et al., 2019), ainsi que leur résilience (McPherson et al., 2021). Elle permet aussi de s'assurer que les décisions sont mieux adaptées aux besoins des enfants et des jeunes (Cashmore, 2002; Ten Brummelaar et al., 2018) et favorise leur adhésion au plan d’intervention (Bessell & Sharon, 2011; Cashmore, 2002; Rap et al., 2019). Selon Eudier (2007), la participation individuelle et collective des jeunes pendant le placement « peut être [ainsi] envisagée non seulement comme un droit, mais également comme un outil éducatif de socialisation » (p. 93). Participer à la prise de décision est un élément essentiel pour préparer les enfants et les jeunes à leur future indépendance et à leur autonomie de décision (Cashmore, 2002; Lansdown, 2005; Ten Brummelaar et al., 2018). La participation individuelle et collective sert aussi de socle de la protection sociale pour ceux en transition vers l'âge adulte (Lacroix et al, 2020). Cependant, les jeunes placés qui doivent transiter vers une vie indépendante ont souvent peu d’expérience en matière de prise de décision, ce qui fragilise énormément cette transition (Lacroix et al, 2020; Cashmore, 2002). Plusieurs chercheurs estiment que leur participation est bénéfique non seulement pour les enfants et les jeunes, mais aussi pour la société dans son ensemble, dans la mesure où ils peuvent jouer un rôle clé dans l’amélioration des services et des politiques en PJ (Holland & Gorey, 2004; Lacroix et al., 2020; Lushey & Munro, 2015). Néanmoins, la littérature fait état de nombreuses failles dans l’exercice réel de la participation des jeunes (McPherson et al., 2021; Ten Brummelaar et al., 2018). Lorsque les jeunes ne peuvent pas exercer leur droit de participer aux décisions, ils ne se sentent pas concernés par les résultats de ces décisions (Faisca, 2021; McPherson et al., 2021), ils peuvent se sentir impuissants, manquer de confiance en eux-mêmes (Bessell & Sharon, 2011) ou adopter des comportements d’opposition ou de passivité autour du processus d'intervention (Ten Brummelaar et al., 2018).
Cette communication vise à présenter les résultats préliminaires d’une recherche-action participative, menée au Québec, par six jeunes ex-placés membres du Collectif Ex-placé de la DPJ et une chercheure universitaire, dont l'objectif est de connaître en profondeur l'expérience de participation des jeunes au processus de décision sur son plan d’intervention et sur son milieu de vie pendant le placement, ainsi sur les services d’accompagnement à sa transition à la vie adulte. Les résultats montrent que la participation des jeunes pendant le placement est limitée, notamment en ce qui concerne l'intervention clinique et les décisions critiques pour ces jeunes (ex. plan d’intervention, milieux de vie, contacts, éducation et formation, etc.). La plupart du temps, lorsqu'il y avait un espace de participation, il se limitait à une simple consultation. S'il s'agit d'une expérience partagée, dans le cas des jeunes qui ont vécu dans un contexte familial, ils disent avoir ressenti une plus grande ouverture au dialogue et à la participation sociale. Les jeunes qui ont vécu dans des centres de réadaptation (placement institutionnel), à quelques exceptions près, disent qu'ils se sont sentis limités dans leur capacité à s'exprimer et encore plus à décider des aspects quotidiens de leur vie dans les centres, ainsi que des aspects les plus critiques de leur vie. Du point de vue des jeunes, cet espace limité de participation a eu un impact majeur sur leur processus d'autonomisation et a rendu leur transition vers la vie adulte encore plus difficile.

Mots clés :

Participation, Intervention sociale et travail social, Protection de la jeunesse

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