Ce que changer peut vouloir dire
Année : 2010
Thème : L'exemple du projet de réorganisation des réseaux de santé en addictologie de Franche-Comté
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
VOILLEQUIN Philippe (France) – phil.voillequin@orange.fr
Résumé :
Les réseaux de santé dédiés à l’addictologie sont actuellement confrontés à une double contrainte : d’un côté, la réforme du système de santé, incarnée par la promulgation en juillet 2009 de la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST), les oblige à se restructurer autour de leur mission de coordination des soins et à évoluer vers une nouvelle organisation territoriale ; de l’autre, l’avènement du concept d’addiction incite à un rapprochement des secteurs historiques de l’alcoologie et de la toxicomanie, ainsi qu’à la prise en compte de nouvelles formes de dépendance. Ce contexte de profonde mutation et les exigences qu’il impose en terme de coopération, entraînent des inquiétudes, voire de véritables résistances, que les responsables des réseaux d’addictologie de Franche-Comté ont eu l’occasion d’exprimer. Quel sens donner à ces réactions ? En quoi peuvent-elles impacter un projet de coopération futur ? Telles sont les questions auxquelles notre étude tente de répondre, en se distanciant des motifs habituellement évoquées dans pareil circonstances : comportement irrationnel, résistance inéluctable au changement etc.
A l’opposé de ces préconçus, notre démarche s’appuie sur la théorie de l’analyse stratégique, élaborée par Michel Crozier et Erhard Friedberg. Cette approche permet d’appréhender ces attitudes comme procédant de stratégies déployées par des acteurs cherchant à préserver leur zone d’influence et leur existence sociale. Le choix de l’enquête qualitative comme méthode d’observation amène à identifier les principaux groupes parties prenantes d’un projet de réorganisation territoriale des réseaux d’addictologie et à conduire une série d’entretiens auprès des promoteurs des réseaux, des financeurs, des délégués des associations nationales et des représentants des usagers. Les résultats révèlent de réels accords mais aussi de forts clivages, parfois inattendus. Il en ressort la mise en évidence d’un système qui permet aux différents groupes et, à l’intérieur de ces groupes, aux acteurs eux-mêmes, d’être en relation, de coopérer, par delà leurs contraintes et malgré des stratégies qui peuvent être opposées. Bien que limitée dans sa portée, cette étude permet cependant d’envisager des perspectives pratiques quant aux conditions de réussite d’un projet de réorganisation territoriale et au rôle que peut être appelé à jouer le coordonnateur dans l’accompagnement de ce changement.
Mots clés :
Pratiques en réseaux, Action collective, Territorialisation, analyse stratégique
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