MALAKET mireille (CANADA) – mireille.malaket@umontreal.ca – Etudiant

L’exacerbation des situations d’inégalités et de précarité vécues par les femmes migrantes (demandeuses d’asile, réfugiées, travailleuses domestiques, LGBTQIA+) en temps de crises multiples a renforcé la nécessité de documenter les réalités de ces femmes à la fois au Québec (Canada) et au Liban (Abou-Habib, 2020; TCRI, 2020; WNFD, 2020). Cette communication présente les résultats d’un projet de mémoire s’intéressant aux défis et aux opportunités du démarrage d’un projet de recherche-action participative féministe que nous appelons GIPS (Gender, (Im)mobilities, and Precarious Situations). GIPS trouve son originalité dans le fait qu’il cherche à réunir deux pays (Canada (Québec) et Liban) et une diversité d’acteur·rice·s (femmes migrantes vivant des situations de précarité, chercheur·e·s, professionnel·le·s d’organismes, militant·e·s et étudiant·e·s) sur les questions des inégalités basées sur le genre, de la non-citoyenneté et des expériences de précarité vécues par les femmes migrantes en contexte de crises multiples.

La RAPF est une méthode visant plus spécifiquement la documentation des expériences, des préoccupations et des oppressions vécues par les femmes afin de contribuer au changement social auquel elles aspirent (Johnson et Flynn, 2021). Conséquemment, elle se présente comme une pratique porteuse pour les militant·e·s, les intervenant·e·s et les chercheur·e·s oeuvrant à l’amélioration de leurs conditions de vie (Park, 1993). Outre les opportunités qu’elle offre, la littérature sur la RAPF montre qu’il subsiste des défis persistants pour les personnes y participant en raison de dynamiques de pouvoir bien ancrées aux niveaux interpersonnel, organisationnel et institutionnel (Johnson et Flynn, 2021; Potts et al., 2022; Courcy et al., 2019). À cet effet, elle exige un processus réflexif continu dans lequel les participant·e·s prennent conscience des rapports de pouvoir en jeu et de leurs impacts (Courcy et al., 2019; Johnson et Flynn, 2021).

Considérant l’étape cruciale que représente la phase de démarrage d’une RAPF en vue de l'action participative qui la suit (Hand et al., 2019), les résultats issus du projet de mémoire au centre de cette communication présentent une analyse thématique transversale de données recueillies auprès des acteur·rice·s du projet GIPS dans le cadre de son démarrage (octobre 2021 à juin 2022). Un cadre d’analyse féministe intersectionnel (Crenshaw, 1991) est mobilisé afin d’éclairer les différents positionnements sociaux des acteur·rice·s du projet ainsi que les rapports de pouvoir se manifestant aux niveaux microsocial et macrosocial à l’aide de la matrice de domination de Collins (2000).

La communication se divisera en trois parties. Suite à un survol de la pertinence de l’intersectionnalité en tant que cadre d’analyse, notre communication vise à explorer les questions suivantes : 1) en quoi les défis et les opportunités rencontrés par les acteur.rice.s dans le cadre de leur participation s’inscrivent-ils dans des rapports de pouvoir aux niveaux microsocial et macrosocial et quels leviers d’action sont déployés par les différent.e.s acteur.rice.s? 2) quelles tensions inhérentes à l’engagement dans un projet visant le développement de solidarités transnationales persistent à travers les expériences de participation des acteur.rice.s? Cette présentation invitera les participant.e.s à réfléchir à la nécessité de reconnaître les spécificités propres à la méthode singulière employée par le projet GIPS en vue d’un changement structurel permettant d’adapter les politiques et les institutions qui y sont reliées. En révélant les défis et les opportunités reliés au démarrage du projet GIPS, cette communication pourra inspirer et informer la mise en place de projets de partenariats similaires et ainsi en favoriser la transférabilité.