La démarche de référent de parcours une pratique émergente à la croisée de la conjoncture du politique et du travail social

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CHAHBOUNI sabah (FRANCE) – sabah.chahbouni@umontreal.ca – Chercheur

Résumé :

Mots clés : politiques d’activation, personnes bénéficiaires, parité de participation,
*Pour cet article, dans une démarche d’écriture inclusive et d’allègement de texte, l’abréviation RP pour la démarche de référent de parcours est utilisé.
La démarche référent de parcours (RP) est une nouvelle démarche mise en œuvre par les départements qui constituent la collectivité locale en charge de l'action sociale dans le cadre des répartitions des compétences entre les différentes personnes publiques territoriales. Elle est le produit des d’États généraux du travail social (ÉGTS) en 2013 et a émergé dans un contexte de crise des politiques publiques en faveur de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion en France (Otero, Marcelo, 2012). Cette réflexion, partagée par les acteurs en charge de la mise en œuvre de ces politiques, a donné lieu à des propositions prioritaires d’actions, dont la démarche RP, pour favoriser la participation des personnes accompagnées et la recherche d’amélioration de leur accompagnement (Bouquet & Jaeger, 2016/1). A la suite de cette concertation, la démarche RP fut inscrite, dans le Plan d’Action en faveur du travail social et du développement social (2015), expérimentée (dans 4 départements entre décembre 2016 à avril 2018) et généralisée au niveau des départements depuis 2019 (la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté 2019-2022). Depuis, un guide d’appui à la mise en œuvre de la démarche du RP a été élaboré et la démarche inscrite comme pratique émergente dans le cadre de l’approche de « l’aller-vers » (ANDAS; DGCS, 26/04/2019) (Haut conseil supérieur de travail social, 2021).
En pratique, la démarche RP constitue une méthodologie d’intervention qui renoue avec les fondamentaux du travail social. Elle interroge donc les modalités de l’intervention sociale dans la mesure où elle dépasse la logique des réponses segmentées et par dispositifs. Elle propose dans ce sens un changement de paradigme dans la mesure où elle active les destinataires, les professionnels et les partenaires.
La mise en œuvre de cette démarche interroge sur deux registres : Le glissement des politiques d’une logique assistancielle, de droit avec un « droit de secours » inscrit dans la logique des politiques de solidarité, à une logique d’activation de droit et de devoir dans une logique de réciprocité active induite par la nouvelle gestion publique (NGP) (Morel, Sylvie, 2002) (Visscher, Christian ; Varone, Fréderic, 2004/2). Cette nouvelle orientation reposerait sur la mesure de l’employabilité d’une part, et sur la mobilisation des parcours biographiques individualisés et la responsabilisation des individus d’autre part, (Morel, Sylvie, 2002) (Martuccelli, Danilo, 2004/3). D’un autre côté, la démarche RP induit un changement de paradigme dans la pratique de l’intervention sociale dans le sens où elle est traversée par l’idée de parité de participation (Nancy Fraser, 2004). Le professionnel de l’intervention sociale est invité à repenser la relation avec la personne concernée qui est invitée à prendre part à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation de son projet (Nancy Fraser, 2004). Dès lors, quels sont les enjeux pratiques et éthiques que soulève cette démarche du côté des professionnels de l’intervention sociale et du côté des personnes concernées ?
Cet article théorique et réflexif propose de présenter une analyse de la démarche en tant qu’orientation politique et pratique. Dans un premier point, nous poserons le contexte de l’émergence de cette démarche comme pratique innovante en l’inscrivant dans l’évolution des politiques d’activation. Dans un second temps, nous poserons le cadre théorique de la théorie de la parité de la participation qui nous permettra d’analyser et discuter la démarche. Dans un troisième temps, nous discuterons les enjeux éthiques soulevés par cette démarche au niveau de la pratique de l’intervention (Gonin, Audrey; Grenier, Josée; Lapierre, Josée-Anne, 2013).

Mots clés :

Activation sociale, Co-construction, Employabilité, référent de parcours

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