GAUTHIER pascal (CANADA) – pgauthie1@etu.uqac.ca – Etudiant
POULIOT Eve (Canada) – eve_pouliot@uqac.ca
MALTAIS Danielle (Canada) – danielle_maltais@uqac.ca

Le milieu de l’éducation au Québec (Canada), n’a pas été épargné par la crise liée à la COVID-19 depuis 2020 (Pouliot et al., 2021; CTREQ-RIRE, 2021). Au-delà des fermetures d’écoles, la pandémie a provoqué une multitude de changements dans le milieu scolaire, que ce soit sur les plans administratif, de l’enseignement ou de l’intervention auprès des élèves (Pouliot, 2021; Charland et al., 2021; Gauthier et al., 2022). Pour les enseignant.e.s, la crise sanitaire a entraîné diverses modifications dans leur rôle professionnel. Dans un tel contexte, l’enseignant.e a occupé des rôles, qui, d’ordinaire, ne lui étaient pas dévolus, notamment celui d’intervenant.e.
Cette communication s’inscrit dans un projet de recherche interdisciplinaire de l’Université du Québec à Chicoutimi visant à documenter à la fois le vécu des enseignant.e.s, des parents et des élèves durant la pandémie de COVID-19 au Saguenay-Lac-Saint-Jean (Québec, Canada) afin d’en tirer des leçons et d’en dégager des pistes pour de futures interventions. La recherche, à devis qualitatif, a été complétée en 2021 auprès de participants de 12 écoles primaires et secondaires faisant partie de deux centres de services scolaires du Saguenay-Lac-Saint-Jean (Québec, Canada). Les écoles proviennent à la fois de milieux urbains et ruraux, aux caractéristiques sociodémographiques variées. Dans le cadre d’entrevues de groupe semi-dirigées, les propos des 64 membres du personnel scolaire (enseignant.e.s, personnel de soutien, etc.) ont permis, de documenter leur point de vue sur les changements vécus dans leurs responsabilités et leurs rôles professionnels dans le contexte de la pandémie.
Cette communication propose de décrire les changements vécus par le personnel scolaire, de même que les stratégies qu’ils ont utilisées pour s’adapter à de nouveaux rôles et responsabilités. Les résultats permettent de constater que la pandémie a, en quelque sorte, décloisonné le rôle de l’enseignant.e. Au-delà de sa tâche d’enseignement, il a dû jouer un rôle s’apparentant à celui généralement dévolu aux intervenant.es sociaux. À titre d’exemple, il est devenu l’agent de liaison auprès des familles ou encore, s’est assuré du bon fonctionnement social de ses élèves. L’analyse des propos recueillis ouvre la porte à plusieurs pistes de réflexion. Par exemple, il y a lieu de se demander, tout d’abord, si ces changements, qu’ils soient survenus de gré ou de force selon les circonstances, n’auront pas tendance à devenir permanents. De plus, il apparait nécessaire de s’interroger sur les répercussions éventuelles de crises subséquentes, à savoir si elles ne seront pas une occasion de mettre en place des manières de faire qui élargiront de plus en plus le rôle professionnel de l’enseignant.e. Ces constats sont susceptibles d’engendrer des questionnements éthiques importants. Bien qu’il soit essentiel que l’enseignant.e entretienne un bon lien avec ses élèves , jusqu’à quel point est-il approprié de lui confier des tâches de relation d’aide pour lesquelles il n’est pas nécessairement formé ? Dans quelle mesure l’élargissement du rôle des enseignant.es peut-il comporter des risques pour leur propre bien-être et celui de leurs élèves ? Comment envisager le rôle des intervenant.es sociaux qui œuvrent en milieu scolaire dans un tel contexte ? Étant donné la pénurie grandissante de personnel scolaire au Québec (Teluq, 2022), dans un contexte où les crises deviennent de plus en plus fréquentes (ONU, 2022), il semble essentiel de réfléchir à ces questions.

Acteurs, Pandémie COVID-19;éducation;intervention;rôle professionnel