Les collaborations intersectorielles pour réduire le risque lors de situations de violence entre partenaires intimes : Perspectives des survivantes
Année : 2023
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
LALANDE célyne (CANADA) – celyne.lalande@uqo.ca – Chercheur
Résumé :
En raison de la complexité de la problématique de la violence entre partenaire intimes (VPI) et des nombreux acteurs pouvant être impliqués auprès des personnes qui en sont aux prises, il existe un large consensus sur le fait que les pratiques collaboratives favorisent une meilleure réponse à ces situations (Gouvernement du Canada, 2014 ; Laing et al., 2018 ; Magruder, 2017 ; Stylianou & Ebright, 2021). Ces pratiques ont le potentiel d'être plus complètes et cohérentes pour répondre aux besoins distincts des différents membres d’une famille aux prises avec la VPI (Lessard & Alvarez-Lizotte, 2015). Elles peuvent également initier des changements systémiques en orientant des organisations ayant des positions philosophiques différentes vers un objectif commun (Stylianou & Ebright, 2021). En outre, les pratiques collaboratives sont considérées comme essentielles pour assurer la sécurité des victimes de VPI car elles sont plus efficaces pour réduire les risques (White & Sienkiewicz, 2018).
La collaboration intersectorielle est de fait, d’une grande importance lors de l’évaluation et de la gestion du risque lors de situations de VPI (Messing & Campbell, 2016). Le moment de l’intervention au cours du processus ainsi que le ou les ressources se retrouvant impliquées pour répondre à ces situations importent peu, toutes doivent être en mesure d’évaluer le risque lors de ces situations, et le cas échéant, partager l’information pour créer un filet de sécurité. Cette pratique, valorisée pour contrer les féminicides depuis plus de 20 ans au Québec (voir p. ex. le rapport du Coroner Bérubé) peut être qualifiée d’intervention ou de collaboration orientées par le risque » (Messing, 2019; Messing et Campbell, 2016, traduction libre). Toujours dans l’optique de collaboration et de protection des personnes aux prises avec la VPI, une posture professionnelle qui favorise la reprise du pouvoir d’agir des victimes, tout en respectant leur droit au choix (Messing, 2020) doit être mise de l’avant.
Considérant ce qui précède et en adéquation avec l’axe 1 du 10e congrès international de l’AIFRIS, la communication proposée a pour objectif de présenter des pratiques collaboratives émergentes au Canada et de les comparer avec des pratiques plus usuelles dans le cadre de situations à hauts risques en VPI. Pour ce faire, les pratiques collaboratives narrées par neuf survivantes de VPI à haut risque, ayant participé à des entrevues individuelles seront analysées afin de mettre en lumière les conditions et contextes individuels, relationnels, organisationnels et communautaires favorables à des interventions et des collaborations orientées par le risque et ceux qui leur font obstacle. Ainsi, trois entretiens rapportant les interventions de comités de gestion de situations à hauts risques seront comparés avec trois autres entretiens où des pratiques collaboratives sont rapportées, sans la présence de tels dispositifs, et de trois entretiens où plusieurs ressources formelles (6 et +) sont impliquées auprès des survivantes, sans toutefois que des collaborations entre ces ressources aient été déployées. Les analyses préliminaires réalisées mettent de l’avant que les interventions et les pratiques collaboratives orientées par le risque demeurent trop souvent absentes, et que leur présence apparaît majoritairement influencée par des conditions individuelles et communautaires. Les implications de ces résultats pour la formation et l’intervention en VPI seront discutés.
Mots clés :
Concertation locale, Bonne pratique, Démarche intersectorielle, collaboration, violence conjugale, gestion du risque
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