Impact de la pandémie sur les jeunes adultes en milieu postsecondaire francophone en contexte linguistique minoritaire au Canada

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

GIASSON Florette (Canada) – fgiasson@ustboniface.ca – Chercheur
GUEYE ndeye rokhaya (CANADA) – ngueye@ustboniface.ca
DE MOISSAC danielle (CANADA) – ddemoissac@ustboniface.ca

Résumé :

Les jeunes adultes en milieu postsecondaire vivent une transition de vie importante : une plus grande indépendance, de nouvelles relations interpersonnelles et des responsabilités importantes, le tout pouvant être difficile, pour certains, à gérer. Ces nombreux changements peuvent aggraver les troubles de santé mentale, des comportements à risque et des difficultés académiques. Un sentiment d’appartenance à un groupe identitaire est généralement associé à un sentiment de bien-être psychologique, des relations interpersonnelles satisfaisantes et moins de comportements à risque. Les milieux postsecondaires sont des lieux privilégiés pour le développement de ce sentiment d’appartenance, particulièrement dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire (CLOSM) au Canada. Or, la pandémie liée à la COVID-19 et le passage aux cours à distance ont exacerbé les difficultés liées à la formation et au maintien d’un réseau social, le tout ayant un impact négatif sur la santé mentale des personnes étudiantes et leur transition en milieu postsecondaire. À cela s’ajoute l’effet de la minorisation, avec un accès limité à des services en français. Comme les établissements sont peu outillés pour reconnaitre les étudiants en détresse, et que les jeunes canadiens n’ont pas toujours recours aux services de soutien professionnel en raison d’une méconnaissance de la disponibilité des services dans la langue de la minorité et de barrières à l’accès, la situation de détresse ne peut que s’aggraver. Une gestion malsaine des problèmes de santé mentale dès la jeunesse aura, par ricochet, des répercussions sur l’apprentissage, l’intégration sociale lors de la transition en milieu postsecondaire et les capacités d’adaptation tout au long de la vie. Une recherche à devis mixte séquentiel avait comme objectif 1) de mesurer l’état de santé mentale, l’accès aux services de soutien psychosocial et la prévalence de comportements à risque chez les personnes étudiantes de premier cycle au cours d’une pandémie et 2) identifier les facilitateurs et obstacles auxquels sont confrontés ces personnes en ce qui concerne l’accès aux services de soutien psychosocial sur le campus et dans la communauté. Un sondage en ligne a été administré aux jeunes adultes au premier cycle à l’Université de Saint-Boniface, un établissement d’études postsecondaires francophone au Manitoba, Canada, en novembre 2022; certains participants ont également participé à une de trois entrevues de groupe pour valider les résultats du sondage et identifier les obstacles auxquels ils sont confrontés en ce qui concerne l’accès aux services de soutien sur le campus et dans la communauté. Au total, 350 personnes étudiantes ont participé. Les analyses statistiques de fréquences et de proportions ont été effectuées avec SPSS (v. 24), et sont présentés en comparaison avec des données obtenues avant (2018) et pendant (2020) la pandémie. Des analyses qualitatives thématiques ont permis de dégager les facilitateurs et barrières à l’accès aux services. Le profil des personnes participantes en 2022 reflète un âge moyen de 22 ans, une majorité étant femme, célibataire, occupant un emploi en plus d’être aux études et vivant avec leur parent ou famille. Près de 60 % des répondants ont le français comme langue maternelle, mais une plus faible proportion (46 %) parle cette langue couramment à la maison. L’état de santé mentale semble s’améliorer depuis la pandémie, tel que reflété par une plus forte proportion indiquant avoir une excellente ou très bonne santé mentale et une satisfaction de vie. Toutefois, des proportions importantes de personnes répondantes rapportent être déprimées, manquer de sommeil et avoir des pensées suicidaires. En général, les personnes participantes gèrent leur anxiété par de saines habitudes de vie; 23 % bénéficient de la thérapie individuelle ou de groupe. Toutefois, peu ont accès à des services en santé mentale en français. Les répercussions seront discutées.

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