Appropriation des espaces urbains par les jeunes arc-en-ciel et politiques cantonales et municipales en matière d’orientation sexuelle et affective et d’identité de genre

Année : 2023

Thème : Autre (poster, ...)

Type : Autre (poster, ...)

Auteur(s) :

HOFSTETTER Marita (SUISSE) – marita.hofstetter@hefr.ch – Chercheur

Résumé :

Cette communication porte sur un projet de doctorat en cours d’élaboration, qui s’intéresse aux enjeux associés à l’appropriation des espaces urbains par les jeunes arc-en-ciel dans les deux villes suisse de Lausanne et Lugano.

Les travaux en sociologie de la jeunesse montrent que lors du passage à l’âge adulte, la reconnaissance des autres, et principalement celle des pairs, est un élément important à la construction identitaire (Colombo, 2021). Ce processus de socialisation se fait notamment à travers l’appropriation d’espaces qui se situent loin du regard des adultes, permettant ainsi aux jeunes de développer des pratiques qui les distinguent (Amsellem-Mainguy & Vuattoux, 2018).

Or, l’appropriation de ces espaces ne se fait pas toujours sans prises de risques. Plusieurs recherches démontrent que les personnes arc-en-ciel (1), sont davantage des cibles de violences (Alessandrin & al., 2020 ; Eisner & Hässler, 2021). En effet, l’idéologie hétérosexiste et cissexiste (2) de la rue est encore souvent source de souffrance, d’incertitude et de peur pour les personnes qui s’identifient, ou qui pourraient être identifiées, comme étant arc-en-ciel. De plus, les périodes de l’adolescence et de l’âge adulte émergent, déjà critiques pour la majorité des jeunes en raison de l’incertitude identitaire liée à ces périodes, peuvent le devenir davantage pour des jeunes arc-en-ciel. En effet, en raison de leur appartenance à un groupe minoritaire et socialement stigmatisé, iels sont exposé_es (3) également à ce qui est appelé par plusieurs auteur_es le minority stress (Meyer 2003) ; c’est-à-dire le stress permanent vécu par les personnes en raison de leur rattachement à un groupe qui est la cible de préjugés, stigmatisations et discriminations.

Ainsi, dans ce contexte, les jeunes arc-en-ciel pourraient donc avoir du mal à se (faire) reconnaître et à se construire. En outre, étant donné qu’en Suisse les politiques en matière de gestion des espaces urbains et des questions LGBTIQ+ (4) varient entre cantons et villes, le contexte social qui en découle peut engendrer des expériences pour les jeunes arc-en-ciel à géométrie variable. Cette proposition sera donc l’occasion d’explorer quelques enjeux dans l’appropriation des espaces urbains par les jeunes arc-en-ciel, dans deux contextes cantonaux en matière d’orientation sexuelle et affective et d’identité de genre très différentes.

Notes:

1. Par analogisme avec le terme « famille arc-en-ciel », je propose de nommer « personne arc-en-ciel » tout_e personne qui se reconnaît dans une orientation sexuelle et/ou affective autre qu’hétérosexuelle et/ou une identité de genre autre que cisgenre.

2. L’hétérosexisme est un système social inégalitaire, selon lequel l’hétérosexualité serait plus légitime que les autres orientations sexuelles (Chauvin & Lerch, 2013), qui reconnaît uniquement l’existence de deux sexes biologiques et de deux genres profondément différents, qui stipule que le genre masculin est supérieur au genre féminin et qui détermine que toute relation sentimentale et/ou sexuelle doit engager deux personnes de sexe différent (Dayer, 2014). L’idéologie cissexiste désigne un système social inégalitaire basé sur la conviction que l’identité de genre cisgenre est plus légitime que les autres identités de genre (Chauvin & Lerch, 2013).

3. Le tiret bas, ou gender gap (_) signale un espace entre le féminin et le masculin, afin que toute personne ne se reconnaissant pas dans un système de genre binaire soit incluse. Des néologismes comme « acteurice », « utilisateurice », seront également utilisés afin de tendre envers un langage le plus inclusif possible.

4. L’acronyme LGBTIQ+ signifie lesbienne, gay, bisexuel_le , transgenre, ou trans* , intersexué_e, queer ou en questionnement. Dans ce travail, le « + » ajouté à la fin du sigle est utilisé afin de faire référence aux identités qui ne se reconnaissent pas dans les autres catégories.

Mots clés :


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