Le lien individu société au cœur de la transformation du social : trames narratives d’intervenant.e.s engagé.e.s à « faire ensemble » pour la petite enfance
Année : 2023
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
Lemaire Audrey (Canada) – audreylemaire@hotmail.com – Professionnel
HAMEL SYLVIE (Canada) – sylvie.hamel@uqtr.ca
Résumé :
En 2009, la création d’Avenir d’enfants s’apprête à faire vivre au Québec une expérience d’innovation sociale sans précédent en vue de soutenir l’action collective en petite enfance. En effet, à l’aide du déploiement d’un fonds de 400 millions issus d’un partenariat public-privé prévu sur dix ans, Avenir d’enfants incite plusieurs partenaires significatifs en petite enfance à unir leurs expertises autour de plans d’action communs afin de prévenir et de réduire les effets de la pauvreté chez les jeunes enfants. Le but ultime : donner une chance égale à tous les jeunes enfants d’avoir un bon départ dans la vie. Au terme de cette expérience, force est de constater que plusieurs efforts sont déployés pour faire de la petite enfance une priorité nationale. Il n’en demeure pas moins que plusieurs jalons méritent encore à ce jour d’être posés ou consolidés pour diminuer les effets de la pauvreté chez les tout-petits. L’étude exposée ici s’intéresse aux différent.e.s intervenant.e.s qui se sont mobilisé.e.s pour travailler de concert avec d’autres partenaires à l’époque d’Avenir d’enfants. Issu.e.s de milieux institutionnels, communautaires, éducatifs, scolaires, de loisirs et privé, c’est essentiellement sur ces personnes que les bailleurs de fonds comptent pour assurer la pérennité du travail collectif réalisé sur dix ans à la fin du financement. Or, pour assurer une telle continuité, plusieurs questions se soulèvent. Celle entourant la notion de sens de l’action collective en faveur de la petite enfance apparait centrale. Alors que le financement s’achève, les milieux d’intervention sortent d’une période de grande austérité et s’apprêtent à entrer dans une crise pandémique inégalée. Les contres-coups de ces crises sur la vulnérabilité des intervenant.e.s et des familles ne sont pas évacués. À la croisée de cette traversée de crises : celle qui croise la fin d’un financement majeur destiné à la petite enfance, celle qui marque également l’entrée en vigueur d’un nouveau gouvernement - le précédent ayant fragilisé les milieux- et à l’aube d’une crise sanitaire imprévue, les intervenant.e.s sont rencontré.e.s pour qu’ils puissent se raconter et mettre en lumière ce qui est significatif pour eux. Raconter les expériences qui les ont façonnées et celles qui les ont démobilisées. Celles qui sont à nourrir et celles qui sont à restaurer ou à effacer. Celles qui donnent de l’espoir, celles qui portent l’action solidaire et celles qui les inspire. Dans le souci de respecter la nature et le sens de l’expérience d’engagement des différentes personnes mobilisées à agir en faveur de la petite enfance depuis 2009, la présente recherche prend un angle phénoménologique axé sur l’identité narrative. Elle fait usage de métaphores pour conduire l’ « agent.e » engagé.e pour la petite enfance à se livrer dans le symbolique à partir du symbolique. Les récits donnent lieu aux valeurs qui forgent leur identité personnelle, professionnelle, mais surtout leur identité collective. Les personnes intervenantes racontent à différents égards, sous différents termes, à l’appui de différentes expériences, la manière dont elles sont interdépendantes à l’autre et, ce, en mettant en lumière toutes les vulnérabilités que recèlent ce lien. Leur discours rappelle l’importance de la responsabilité collective dans la transformation du social. Il fait également sortir de l’ombre le concept de vulnérabilité qui confronte la conception culturelle dominante de la nouvelle gestion publique axée sur la performance, la standardisation et la responsabilité individuelle. À l’occasion de cette ère de crises multiples exacerbées par la récente pandémie, la présente étude qui relève du témoignage de plus de vingt « agent.e.s » engagé.e.s et inspiré.e.s par le « faire ensemble » pour la petite enfance ne peut être que pertinente pour nourrir les réflexions entourant le concept éthique du lien individu-société en vue d’une société plus solidaire.
Mots clés :
← Retour à la liste des articles