Donner aux familles la place qui leur revient dans l'évaluation d'un programme : résultats préliminaires

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

LEPAGE andrée-anne (Canada) – andree-anne.lepage@uqtr.ca – Chercheur
HAMEL SYLVIE (Canada) – sylvie.hamel@uqtr.ca
LACHARITE carl (CANADA) – carl.lacharite@uqtr.ca

Résumé :

L’objectif de cette recherche relève d'un désir d’explorer un modèle différent d’évaluation de programme relativement récent, mais sensible et adapté à son contexte socio-culturel d'implantation (Dubeau et al., 2018). Le cadre traditionnel, plus souvent qu'autrement imposé par les bailleurs de fonds, accorde peu d'opportunités aux participants.es, soit les principaux concernés, de prendre la parole. Dans ce projet, les chercheurs.ses souhaitent leur accorder un nouveau rôle, soit en tant que sujets de leur expérience, plutôt que bénéficiaires ou objets du programme (Billaud et al., 2017). Pour ce faire, les chercheurs.ses auront recours à une approche qualitative par entretiens semi-structurés auprès de familles, privilégiant l’expérience et le contexte de la personne comme source de connaissances valides (Paillé et al., 2016). Ce projet constitue une nouvelle phase d'une démarche d'évaluation de programme plus large entreprise en 2012, visant l'évaluation d'un programme destiné à des jeunes de 12 à 16 ans de milieux défavorisés et à leurs parents, à partir d’un devis de recherche mixte et longitudinal, comportant une série de questionnaires standardisés ainsi qu’une courte question ouverte qui fut introduite à trois temps de mesure. Les résultats qui en découlent ouvrent sur de nouvelles dimensions, apparemment invisibles aux questionnaires, et nous renforcent comme chercheurs.ses dans notre volonté de poursuivre sur cette voie (Hamel et al., 2022). Cette nouvelle recherche utilise donc le récit narratif en famille, selon une approche biographique (Lieblich et al., 1998; Lock et Strong, 2012). Les participants.es sont invités.es à faire un entretien en famille et le choix des membres qui y participent leur revient. À l'aide de la méthode narrative, les récits en lien avec leur expérience au sein du programme, élaborés et co-construits par les membres de la famille leur permettent de construire leur propre réalité, tout en internalisant leur histoire pour y donner sens (Leahey, 2011). Il ne s'agit pas seulement de laisser la parole aux membres de la famille, mais de leur laisser « rendre compte de soi » pour être entendus (Butler, 2007; Hamisultane et al., 2021). Cette méthode permet ainsi de faire émerger les savoirs expérientiels en développant une compréhension des éléments spécifiques de la réalité des participants.es, reliés à son contexte socio-culturel, qui auraient pu passer inaperçus en employant une autre méthode (Desmarais et Gusew, 2021; Pavlish, 2007). Enfin, certains auteurs relèvent une valeur thérapeutique à la narration de soi, dont les assises se fondent sur la thérapie narrative familiale (White et Epston, 1990). Cet espace offre ainsi l'occasion d'élaborer le sens de leur expérience et que celui-ci devienne un moyen d'augmenter leur pouvoir de transformer leur réalité (Boutin, 2006; Fine et al., 2003). Cela dit, quatre questions larges et ouvertes sont soumises aux membres de la famille, leur demandant de décrire un moment dans la vie de la famille, chacune présentée en tant que chapitre soit 1) Notre famille avant le programme, 2) Pendant le programme, 3) Maintenant et 4) Notre famille dans le futur. À partir de l'analyse des entretiens réalisés auprès de deux premières familles, cette communication propose un regard réflexif sur l'expérience en recherche de reconnaître et de donner aux participants.es la place qui leur revient dans le processus d'évaluation du programme auquel ils ont participé. Ainsi, l'intérêt de cette communication est moins centré sur le programme et ses effets, que sur les participants.es. À la lumière de ces premiers entretiens, est-ce possible, dans le cadre actuel d'évaluation de programmes, de redéfinir le rôle des membres de la famille en tant qu'acteurs principaux dans cette démarche?

Mots clés :

Evaluation, Participation, Co-construction

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