Pourquoi s’engager dans des métiers « en crise » ? Le sas de la formation comme espace de redéfinition des motivations initiales

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

CORNAND renaud (France) – renaud.cornand@univ-amu.fr – Chercheur
BETTAIEB Hajer (France) – h.bettaieb@imf.asso.fr

Résumé :

Le sentiment de crise est ancré dans l’identité des travailleurs sociaux et peut être exacerbé par celui d’une difficulté de plus en plus grande à accomplir leurs missions, voire à les définir (Dubet, 2006). Confrontés aux populations les plus précaires et au déficit de propositions institutionnelles, ils peuvent apparaitre à leurs propres yeux comme l’interface entre des problèmes et l’absence de solution (Le Goaziou, 2022). Au même titre que les métiers du social, les formations qui y conduisent peuvent être considérées comme en crise, secouées par de régulières turbulences réformatrices visant à en redéfinir les objectifs. Formation et métiers évoluent dans « une dialectique immuable entre la volonté de les reconfigurer d’un côté et, de l’autre, les résistances des corporations établies qui entendent au contraire leur conserver leurs « spécificités » » (Lafore, 2020). Pourquoi alors s’engager dans une formation conduisant aux métiers du social ?
A partir d’une enquête de terrain, cette contribution vise à mettre en lumière les raisons pour lesquelles les étudiants choisissent cette formation, les attentes qu’ils en ont puis l’expérience qu’ils en font. Nous montrerons comment, à travers les enseignements et les stages comme à travers les sociabilités qu’ils y construisent, les années de formation participent à reconfigurer leur définition du travail social.
Méthodologie
Les résultats présentés sont issus de deux enquêtes par questionnaires passés en ligne. La première a concerné l’ensemble des étudiants d’un institut de formation du sud de la France et le taux de retour est légèrement supérieur à 1/3 ; cet échantillon se compose d’environ 180 réponses complètes. La deuxième enquête a été conduite l’année suivante auprès d’une seule promotion d’ES1 dans l’objectif de construire sur cette promotion un dispositif de suivi de cohorte. Cette fois les questions portaient exclusivement sur les raisons de l’engagement et l’expérience des premiers mois de formation. 36 réponses ont été recueillies.
Résultats
L’orientation vers les métiers du social reste très largement motivée par la volonté « d’aider les autres ». La nécessaire « conversion de cette disposition initiale en compétences fondées sur un corpus de connaissances pluridisciplinaires qui permettent l’exercice du métier » (Verba, 2012) semble bien être envisagée ainsi par les étudiants qui déclarent venir chercher en formation des connaissances pour éclairer les pratiques professionnelles. Les expériences de stage et la distance relative qu’ils entretiennent avec les savoirs académiques (Cornand, Bettaieb, 2022) vont conduire à un relatif désenchantement de leurs représentations des métiers du social. Cette redéfinition de leur future profession à travers le lien effectué entre « théorie » et « pratique » s’effectue en partie au sein des groupes de pairs lors d’échanges dont les modalités échappent à l’institut de formation.

Mots clés :

Formation

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