DESOMER Valérie (Belgique) – valerie.desomer@uvcw.be – Professionnel

Nous parlons au départ du Centre de Formation de la Fédération des Centres Public d'Action Sociale (CPAS) wallons (Belgique francophone). Depuis plusieurs années, les crise(s) sociétale, sanitaire, migratoire, catastrophe naturelle, guerre en Ukraine, énergétique, … bousculent les CPAS et plus singulièrement les travailleurs sociaux de première ligne, qui sont durement impactés dans leur travail au quotidien. Tenant compte de la réalité multidimensionnelle vécue par les travailleurs sociaux des CPAS, il s’est imposé à nous plusieurs questions et constats :
Que recouvre le métier de travailleur social en CPAS à l'heure d'aujourd'hui ? Quel impact sur le travail social, lié à l’éclatement des aides sociales, à la complexification des modalités d’octroi, à la multiplication des textes légaux ? Comment accompagner dignement et dans les meilleures conditions les personnes accompagnées ? Quel regard (et solutions / outils) quant à l’augmentation d’une certaine « violence » à tous les niveaux ? Quelle refonte de la formation de base des assistants sociaux, comment faire des ponts entre la formation de base et la formation continue ? Comment « tenir » en tant que travailleur social en CPAS aujourd’hui, et en corollaire garder tout le sens de cette fonction ? Comment faire face à toutes ces crises entre aide sociale et aide humanitaire ? Dans quel état de santé mentale sont les travailleurs sociaux des CPAS ?
Notre communication s’appuie sur l’extrait de l’appel à communication :
« Ces « crises » successives et cumulatives, médiatisées ou silencieuses, requièrent de la part des intervenant.e.s sociaux.ales, qu’ils soient décideur.euse.s, formateur.rice.s ou intervenant.e.s de terrain tout comme de la part des bénéficiaires, d’ajuster leurs actions, leur posture. Les décideur.euse.s conceptualisent et mettent en œuvre le cadre de l’action, les intervenant.e.s sociaux.ales agissent auprès des bénéficiaires dans les frontières de ce cadre autant que faire se peut. Les personnes ayant recours à l’action publique se retrouvent dans leur « crise silencieuse » respective face à des procédures et normes qui évoluent au fil des crises médiatisées ; sont-elles pour autant des victimes ? Sont-elles pour autant impuissantes ? »
Dépasser cette impuissance, sortir du cadre, durant ces périodes de crises, plusieurs temps de rencontres et d’interpellations sont proposées auprès des CPAS. Les travailleurs sociaux soulignent l’importance d’échanger entre les CPAS, de se poser les questions, d’avancer ensemble et de confronter les pratiques sociales qui ont émergées. Ainsi, nous nous inscrivons dans l’Axe 1 : Les pratiques émergentes en contexte de crise : les processus à l’œuvre et ses acteurs ? – visant les deux questions suivantes :
-Quels sont les processus à l’œuvre dans l’élaboration et la mise en œuvre de pratiques émergentes ? (Gestion de l’urgence, analyses des questions sociales, processus de conceptualisation, partenariats noués, etc.) ;µ
-Quelles sont les marges de manœuvre, la liberté d’action dont se saisissent les acteurs concernés en situation de crise ? (Politiques, territoires, organisations, professionnel.l.e.s, groupes sociaux vulnérables, etc.)
En 2022, un plan d’actions est mis en œuvre autour de quatre grands thèmes à savoir, les conditions de travail au sein des CPAS, les modalités de travail au sein des CPAS, l’environnement du travail social et les relations avec les personnes accompagnées. Nous baserons notre communication sur le travail du groupe de travail en Travail social mis en œuvre en mars 2022 et qui se rencontre quatre fois par an, qui est composé de 24 travailleurs sociaux de première ligne, avec comme appui de travail la co-construction afin d'échanger sur les modes d'interventions sociales et de nouvelles pratiques émergentes en contexte de crises. L'idée est de co-construire un savoir expérientiel sur le travail social de base en CPAS pour rester debout et ne pas s’épuiser.