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Quand les crises se succèdent, que fait la formation en travail social ? 

Année : 2023

Thème : Une pluralité d’expériences ancrées en formation supérieure à Ocellia 

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

AMARé sandrine (FRANCE) – s.amare@ocellia.fr – Chercheur
GUY FLEUR (France) – guy@essse.fr
ATRUX-TALLAU mélanie (FRANCE) – m.atruxtallau@ocellia.fr
VALOIS Sylvain – s.valois@ocellia.fr

Résumé :

Depuis le début des années 2000, les crises se sont empilées, dont une crise sociale voyant exploser la précarité, une crise sanitaire, et une crise des recrutements dans le secteur social. Conjointement, l’attention aux pratiques et aux difficultés spécifiques des travailleur.euses sociaux.ales a conduit, de manière plus ou moins pensée et délibérée, à faire évoluer les formations en se saisissant de la créativité de divers acteurs et y intégrant ainsi des pratiques émergentes.  

Dans ce contexte, l’équipe de la Formation supérieure à Ocellia Lyon (Ecole des métiers Santé Social en Auvergne Rhône Alpes et Papeete) souhaite nourrir la réflexion en s’appuyant sur son expérience et une mise en savoir centrée sur trois évolutions significatives déclinées ci-après. 

Au premier rang, nous retenons la participation des personnes concernées à la formation et à la recherche. Désormais, de nombreux textes, rapports, recommandations, insistent ainsi sur la nécessaire participation des personnes concernées à la formation, dont un rapport de 2017 du Haut conseil du travail social (Jaeger, 2017) qui y consacre une large partie et considère le mouvement de « co-construction » comme « inéluctable » dans le travail social. Ainsi, émerge progressivement un nouveau type d’intervenant.e.s dans nos formations, la personne concernée. Après avoir expérimenté plusieurs scénarii au sein de notre équipe et au-delà, il nous parait utile de traiter, par cette intervention au 10e congrès de l’AIFRIS, des déclinaisons possibles, de l’impact de la participation des personnes sur le rôle des formateur.rice.s permanent.e.s, des effets liés au positionnement de ces acteur.rice.s au sein de l’établissement, ainsi que des nouvelles modalités organisationnelles qui doivent être pensées (Amaré, Bourgois, 2022). Il s’agit ici de considérer l’éventuelle « reconfiguration des normes professionnelles qui obligent parfois à la transgression » de modèles d’intervention dits « traditionnels ».

Par ailleurs, une tendance de fond dans les établissements de formation en travail social est le rapprochement avec l’université qui se décline différemment selon les diplômes de formations supérieures. A l’appui de notre expérience du DEIS, nous envisageons d’étudier le changement récent qui s’opère, allant de la concomitance à l’hybridation, entre certification universitaire et certification professionnelle, dans une visée coopérative de « recherche permanente » (Desroche). Ainsi, nous appréhendons comment cet « agir ensemble », qui invite à se risquer à piétiner sur les terrains de l’autre, participe à une reconfiguration des savoirs et à l’émergence de nouvelles pratiques. Nous identifierons la « redéfinition des liens, des rôles, des missions et des zones de pouvoir respectives ».


Enfin, l’ouverture à l’international contribue aussi à cette tendance au décloisonnement et à la remise en cause des formats largement éprouvés. Nous analysons en quoi notre implication de natures différentes (co-organisation et réalisation avec et par les étudiant.e.s d’un voyage d’étude à l’étranger ; déploiement de formation ; accompagnement en ingénierie sociale ; ...), et sur de nombreux territoires, est l’occasion d’interroger le contenu de nos formations en réponse aux problématiques locales et non en tant que porteurs de réponses qui seraient universelles ; de se questionner sur les pratiques, leurs impensés, leurs ornières ; d’approfondir et d’intégrer des pratiques émergentes ailleurs (travail social vert ; housing first ; ...) ; de réfléchir sur la « transformation des priorités » ; et de revisiter nos pratiques jusqu’à provoquer parfois une rupture avec « l’avant ».

Il convient de retenir que nous examinons les effets de ces évolutions et l’intégration de nouvelles pratiques dans les formations par l’intermédiaire d’enquête in itinere et d’une investigation complémentaire ciblée, en cours de formalisation, auprès de plusieurs promotions d’étudiant.es et d’intervenant.e.s.

Mots clés :

Formation, Participation, Ingénierie sociale, international

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