LERESCHE frédérique (SUISSE) – frederique.leresche@hefr.ch – Chercheur
COLOMBO Annamaria (Suisse) – annamaria.colombo@hefr.ch

En Suisse, le placement des enfants en familles d’accueil est cadré par une ordonnance fédérale (OPE 211.222.338) qui donne les contours des lois cantonales qui seront ensuite élaborées. Cette ordonnance régit notamment la participation des enfants dans le processus de placement. L’article 1a indique que l’enfant doit être informé de ses droits et se voie attribuer une personne de confiance à laquelle s’adresser en cas de question ou de problème mais aussi que l’enfant doit être associé à toutes les décisions déterminantes pour son existence.
Différents types de placement en familles d’accueil sont possibles. Qu’ils soient ordonnés ou demandés par des parents d’origine, qu’ils soient d’urgence ou mis en place dans des temporalités plus longues, la place de la parole des enfants dans le processus constitue un enjeu central pour les professionnel.es.
Dans le cadre d’une recherche nationale qui vise à comparer les systèmes légaux cantonaux en Suisse dans le domaine de la protection des mineur.es et leurs effets sur la réussite des placements en famille d’accueil, nous avons effectué une série d’entretiens en focus groupes avec des professionnel.les du domaine de la protection de l’enfance, des familles d’accueil, des parents et des enfants placés pour saisir les enjeux qui traversent les processus de placement. Il apparaît que si l’âge est un facteur déterminant pour considérer la parole des enfants, la prise en compte réelle de l’expression de leurs désirs semble difficile à réaliser autant dans un contexte de mise à l’abri (situation d’urgence) que dans les placements qui sont anticipés.
Outre les questions de ressources à disposition, qui limitent la marge de manœuvre et le temps à disposition des différents acteurs, c’est également la norme de l’adulte décideur qui prévaut dans un contexte de protection de l’enfance. Des outils d’objectivation du degré de participation ont été mis en place par des associations professionnelles : jeux de cartes, affiches, boîtes à outils, etc., mais ne sont que très peu voire pas du tout utilisés dans le cadre de placement en familles d’accueil. L’argument avancé concerne en général la faible capacité des enfants à comprendre les décisions prises par les adultes référents.
A partir d’extraits d’entretiens, cette proposition de communication vise à interroger la (re)production des normes familiales mais aussi hiérarchiques entre les adultes et les enfants dans le processus de placement en famille d’accueil. Nous présenterons les enjeux qui traversent les prises de décision à la lumière du droit qui cadre le placement des enfants en familles d’accueil.

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