Les publics vulnérables face à la crise énergétique : quelles initiatives possibles ?

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

Morange Arnaud (France) – amorange@irtsnormandiecaen.fr – Chercheur

Résumé :

Les publics de l’intervention sociale sont souvent perçus comme étant incapables d’embrasser les normes de la responsabilité écologique (Salles, 2009) et auprès desquels on devrait donc dispenser des guides de « bonnes pratiques » et autres normes dominantes de responsabilisation (Cloteau, Mourad, 2016). Pourtant, comme Paul Ariès l’a théorisé (2015), les « classes populaires » (ou plus largement les personnes à faibles ressources), adoptent des pratiques inspirantes pour la transition écologique. Elles le font certes par nécessité mais différentes études montrent qu’elles sont aussi, comme la population générale, de plus en plus interpellées par les transformations écologiques de notre monde et conscientes de la nécessité d’agir en conséquence (Morange, 2021 ; Comby, Malier, 2021). Les plus démunis sont sensibles au discours ambiant de « verdissement » (Flipo, 2021). Des travaux notables dans ce domaine ont rendu compte par ailleurs des différentes dimensions symboliques dans le rapport à l’enjeu écologique selon les fractions qui composent la classe populaire (Grossetête, 2019). Les publics de l’action sociale sont peut-être même, paradoxalement, plus en alerte sur l’urgence écologique actuelle que le travail social lui-même dans ses diverses composantes, notamment la formation, malgré des théorisations autour de l’« éco-travail social » (Coates, Gray, Hetherington, 2013) ou du « travail social vert » (Dominelli, 2012) de plus en plus reconnues et qui se diffusent (Dagenais, Macdonald, 2019).
Actuellement - et peut être durablement -, la crise énergétique touche en particulier les plus vulnérables en impactant leur budget. Nombreux sont ceux qui, soit occupent des logements communément qualifiés de « passoires énergétiques » (Lees, 2014), soit sont tributaires des bailleurs sociaux qui les hébergent et qui répercutent tout ou partie des augmentations du tarif de l’énergie. Dans de nombreux cas, l’inconfort énergétique devient précarité énergétique (Devalière, 2009). Les politiques publiques peinent à apporter des solutions structurelles à ces situations. Partant, ne peut-on imaginer des initiatives collectives et inventives émanant des habitants eux-mêmes (Juan, 2019), et soutenues par des politiques sociales territoriales pour contrer cette crise énergétique tout en contribuant à une transition pour tous nécessaire ? C’est cette réflexion conduisons au sein d’un consortium de chercheurs (Observatoire Multidisciplinaire de l’Energie pour une transition Humaine, Economique et Ecologique – PROMETHEE, Université de Caen et divers partenaires), et qui doit aboutir à une expérimentation dans les prochaines semaines, en partenariat avec la ville de Caen (14) et mobilisant associations et habitants. La communication vise à rendre compte de cette démarche et des premiers résultats qui seront obtenus d’ici au congrès. Elle sera mise en perspective avec les théories de la responsabilité des plus démunis face à la crise environnementale et avec celles de la réappropriation citoyenne des capacités autonomes d’action (Illich, 1973 ; Carrel, 2013).


Mots clés :

Pauvreté, Développement durable, Autonomie

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