Mise en place d’une structure permanente nationale permettant la participation des personnes concernées à la lutte contre la pauvreté en Suisse : un dispositif utile pour mieux agir en situation de crise ?
Année : 2023
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
REYNAUD CAROLINE (Suisse) – caroline.reynaud@hefr.ch – Enseignant ou formateur
GUERRY Sophie (Suisse) – sophie.guerry@hefr.ch
DONZALLAZ Karine (Suisse) – karinedonzallaz@bluewin.ch
Résumé :
En Suisse, la participation des personnes concernées n’en est encore qu’à ses débuts dans les politiques publiques et notamment dans le champ de la prévention et de la lutte contre la pauvreté. En 2018, le Conseil fédéral met en évidence la nécessité de pouvoir identifier et faire connaître des approches prometteuses en termes de participation et en 2021, cette thématique devient une priorité de la Plateforme nationale de Prévention et de Lutte contre la pauvreté. L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) mandate alors une équipe de recherche pour identifier des modèles favorables en matière de participation. Cette recherche (Chiapparini et al., 2020) aboutit à l’élaboration d’un guide pratique (Müller & Chiapparini, 2021) co-construit avec des personnes concernées, et présenté lors du Colloque annuel de la Plateforme auquel participe pour la première fois un grand nombre de personnes concernées et leurs associations.
Au cours de ces différents projets, plusieurs voix, notamment celles des personnes concernées impliquées, s’élèvent pour demander à ce que la prise en compte des savoirs d’expérience sorte d’une logique ponctuelle et soit davantage pensée sur le long terme. En 2022, l’OFAS répond à cette requête en mandatant une équipe de la Haute école de travail social de Fribourg et de la Haute école spécialisée de Berne pour mettre en place un processus impliquant les personnes concernées (et les associations qui les soutiennent) dans l’élaboration d’un concept de structure participative permanente adaptée au contexte suisse.
En septembre de la même année, une première rencontre avec des personnes ayant l’expérience de la pauvreté et leurs associations a pour objectif de les informer sur l’objectif du projet et de les inviter à rejoindre la réflexion. Ce premier temps permet également de constituer un groupe de feed-back (composé de personnes concernées) afin d’assurer la prise en compte de leur point de vue sur les méthodes de travail proposées par l’équipe de recherche au cours du processus.
Entre février et juin 2023, des ateliers sont proposées aux personnes concernées afin qu’elles puissent répondre entre elles aux principales questions liées à la mise sur pied d’une telle structure permanente : à quoi devrait-elle servir en priorité ? qui devrait en faire partie ? quelle forme devrait-elle prendre ? à qui devrait-elle s’adresser ? comment favoriser la participation des personnes concernées en limitant les obstacles pouvant exister ? etc. Si la grande partie de la démarche sollicite uniquement le point de vue des personnes concernées, un temps de co-réflexion avec des professionnel-le-s et responsables institutionnel-le-s est également prévu.
En juillet 2023, au moment de communiquer sur ce projet lors du Congrès de l’AIFRIS, l’équipe de projet sera au stade de rédiger la proposition de concept de structure permanente à l’attention du Conseil fédéral, sur la base des réflexions effectuées en cours du processus par les personnes concernées.
La communication (réalisée avec une personne concernée impliquée dans le projet) permettra alors d’explorer ensemble les défis et enjeux de la participation qui se seront révélés tant au cours du processus de co-réflexion (entre personnes concernées, ou lors des temps de travail mixtes entre professionnel-le-s et personnes concernées), qu’au niveau des propositions concrètes liées à cette future structure.
La crise du Covid a démontré la nécessité de pouvoir solliciter l’avis des personnes concernées lors de décisions devant être prises rapidement par les autorités. Un tel dispositif permanent, qui vise à jouer un rôle d’interlocuteur pour les milieux politiques et professionnel-le-s, pourrait-il faciliter la prise en compte du savoir d’expérience en situation de crise et, ainsi, permettre de répondre plus adéquatement aux défis touchant les personnes particulièrement fragilisées par ces évènements ?
Mots clés :
Participation, Pauvreté, Politique publique
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