THOMASSET jean-pierre (FRANCE) – appformationaction@gmail.com – Enseignant ou formateur

Proposition de communication

Devenir praticien de l’action sociale

Le champ social est en crise, emporté dans un radical changement de société. Nous passons, pas sans effets, de la société industrielle à la société virtuelle.

Le sujet humain s’en trouve profondément remanié. Longtemps tenu de se dévouer sans réserve au service de tous, il revendique aujourd’hui son droit à voir le collectif se mettre à son service. Ce retournement provoque, de la part des bénéficiaires du champ social, une attente forte de voir l’autre régler ses problèmes à sa place, une exigence toujours plus grande de résultats, une revendication qui peut aller parfois jusqu’à prendre la dimension de la violence.

Les valeurs humanistes sur lesquelles a longtemps été fondé le travail social s’en trouvent fortement remaniées. La tentation est grande de chercher aujourd’hui à gérer une démarche, pourtant toujours majoritairement associative, avec la logique marchande du management des entreprises.

Nous proposons de prendre acte de ces incontournables changements et d’en déduire ce qu’ils impliquent pour l’acte professionnel de terrain.

Un livre paru en 2018, Ces parents qu’on soutient, Une protection de l’enfance autre argumentait l’importance de changer de paradigme pour inventer des pratiques autres, en phase avec les enjeux d’aujourd’hui.

Un nouvel ouvrage, écrit avec une éducatrice de terrain : Devenir praticien de l’action sociale , va paraître chez le même éditeur, pour partager cette façon autre de concevoir le travail social.

Il invite radicalement à changer.

Au cours de votre congrès, nous proposons une communication pour transmettre cette approche qui s’appuie sur cette nécessité de penser autrement l’action sociale.

Cette invite à changer s’articule autour de six modules :

1 – Changer pourquoi ?

Le changement de société, ses effets sur les sujets, l’obligation aujourd’hui de transparence, l’évolution des textes législatifs prenant en compte le droit des gens appellent à concevoir les modalités d’un changement qui s’impose.

2 – Changer de quoi ? De paradigme pour charpenter autrement notre acte professionnel et, pour cela, prendre appui sur un discours autre.

Le premier à avoir justifié le fait de venir devoir intervenir des déviants a été le discours de la contrainte, pour tenter, à leur corps défendant, de remettre les individus déviants au pas de tout le monde.
Le discours des affects a fait florès depuis la dernière guerre, misant sur la relation éducative dans l’espoir d’entrainer sur le bon chemin l’autre en difficulté.
Le discours du savoir, venu sur le devant de la scène depuis le début des années cinquante, suppose qu’il suffit de comprendre les problèmes des personnes pour savoir y porter remède.

Émerge aujourd’hui un quatrième que nous nommons discours du soutien. Il nous met en place d’étayage, de point d’appui, d’ancrage pour des sujets confrontés à des difficultés familiales ou sociales qui risquent de compromettre gravement leur équilibre (Première mission de l’aide sociale à l’enfance de la loi de 1986).

C’est sur ce quatrième discours que prend appui le changement de paradigme qui est proposé ici.

3 – Changer à l’adresse de qui ?

De sujets, parlants, porteurs de droits et de devoirs, qu’il s’impose de soutenir.

4 – Changer comment ?

En charpentant le trajet qui peut permettre d’apporter un véritable soutien, en repérant, pour chaque situation, d’où nous partons, par où nous sommes tenus de passer et vers où nous devons aller.

La pratique s’inscrit dès lors comme dans une sorte de labyrinthe, dont il faut explorer huit aires qui se déduisent des postulats de ce que nous nommons ‘’ clinique de la Place ‘’. Se trouver dans l’impasse n’est plus vécu, dès lors, comme un échec mais comme une invite à chercher d’autres voies pour conduire le travail.

5 – Changer avec quoi ?

Avec des outils, concrets - fiches-trajet, chevalet, jeu de cartes, lot de planches, éventail, cahier de l’histoire de... - adaptés à chaque situation, qui donnent au professionnel sa dimension de praticien, voire celle de ‘’praxicien’’ si, au-delà de la morale, son éthique donne à sa pratique la dimension d’une praxis. Ces outils pourront être présentés au congrès.

6 – Changer pour aller vers où ?

Le monde numérique dans lequel nous baignons aujourd’hui appelle le praticien à se servir des formidables possibilités qu’offre le numérique. L’écran est devenu le média privilégié quand il s’agit de faire passer une parole. Des outils spécifiques sont à mettre en œuvre.

C’est cette approche, neuve, que nous proposons de venir partager. Il vous appartiendra de nous dire le ou les points sur lesquels vous souhaiteriez nous voir intervenir.

Nous restons à votre disposition pour en débattre.

Axelle Gaillard Bergeron, éducatrice spécialisée, Jean-Pierre Thomasset, psychologue clinicien

Action alternative, Analyse de discours, Compétence, travailler avec des outils