Le passage des cours en distanciel en période de crise sanitaire : <br />quels impacts sur la formation des EJE de demain ?<br />

Année : 2023

Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

RAINERI stéphanie (FRANCE) – s.raineri44@gmail.com – Enseignant ou formateur

Résumé :

La communication s’inspire du sujet de recherche de mon Master sur les impacts du passage à distance de la formation d’éducateurs de jeunes enfants sur les interactions pédagogiques, en période de crise sanitaire. Cette étude visait à terme l’amélioration du dispositif et l’hybridation de la formation d’EJE. Le panel était composé de 5 étudiantes inscrites dans mon école, interviewées via des entretiens semi-directifs. <br />Pour cadrer ma réflexion, j’ai abordé les concepts d’éducation tout au long de la vie, en lien avec la temporalité spécifique de la formation en 3 ans et de la crise sanitaire, ce qui m’a amenée à me concentrer sur les moments transformateurs dans le parcours des étudiantes, leurs stratégies d’apprentissage et leur autonomie.<br /><br />L’entrée en formation correspond à l’« entrée dans la vie » (Lapassade, 1963), où de nouveaux repères sont à construire et à laquelle s’est greffé une modalité d’enseignement peu connue et non choisie : le distanciel. Avec la dimension particulière de la crise, il importait de comprendre comment la rupture d’un certain équilibre impactait les apprentissages, la construction de l’identité professionnelle. Je me suis inspirée des écrits de Kaës (1979 : 5) soulignant que « la mise au monde [est] mise en crise, mise à mort mais, nécessairement, création. La création est l’alternative de la vie aux composantes léthales de la crise ». Cette dernière ne semble pas systématiquement négative car elle fait appel à l’inventivité qui fonde la conscience de soi et s’inscrit dans le cycle continuel des périodes de crises traversées par l’individu. La résolution progressive de la crise correspondrait au processus d’épiphanie décrit par Denzin (1989 : 141) comme un « moment d’expérience problématique qui illumine le caractère personnel, et souvent signifie un tournant de la vie d’une personne » ; alors les prises de conscience qui en résultent peuvent être à l’origine de transformations existentielles pour les étudiants, sinon de réajustement de leurs stratégies d’apprentissage.<br /><br />La recherche a permis de valoriser l’importance de créer de la présence à distance en formation. En présentiel ou en distanciel, les étudiants ont besoin d’être portés par le cadre de la classe, de l’institution ; rôle généralement investi par le professeur. Il est d’ailleurs usuel de penser que le formateur à distance risque de perdre sa place dans le système éducatif car il n’est plus physiquement présent. Toutefois, les modalités de présence d’un individu ne se définissent pas seulement par sa présence physique, c’est pourquoi il parait nécessaire de créer de nouveaux repères pour familiariser progressivement les usagers à cette nouvelle relation pédagogique. Certains éléments semblent alors indispensables pour accompagner cette adaptation : le réajustement du langage verbal, sonore et corporel ou encore la mise à disposition de nouveaux espaces de parole et d’échanges. <br /><br />Le passage momentané de la formation en distanciel a confirmé la nécessité de faire appel à de nouveaux outils pédagogiques, des modalités d’échanges variés : discours du formateur, partage d’expériences, travaux de réflexions en sous-groupe. La pédagogie institutionnelle propose des outils de travail intéressants pour dispenser des modèles de formation à distance aux étudiants - « quoi de neuf ? », conseil de classe- s’inspirant de l’outil des « 4 L » qui désigne : « Lieu, Limite, Loi, Langage ». Ces instruments pédagogiques autorisent l’expression du « je » de l’étudiant : « des lieux de langage sont proposés en même temps que les limites de la loi sont présentées. Par l’acceptation de la loi, chacun se donne le moyen de rencontrer l’autre en lui permettant à son tour l’expression de sa singularité » (Serres et Cieutat, 2021). <br /><br />S’engager dans les domaines de l’éducation et du social demande à l’étudiant de se décentrer progressivement de soi pour éduquer les générations à venir. Le dispositif de la formation à distance n’accélérerait-il pas ce processus ? <br />

Mots clés :

Formation, Apprentissage en alternance, Autonomie

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