Les temporalités discordantes de l’action et de l’ingénierie sociales

Année : 2010

Thème : Luttes et concurrences, compétences et pratiques formatives pour des responsables d’institutions

Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...

Auteur(s) :

GASPAR Jean-François (Belgique) – gasparjf@helha.be
SKA Viviane (Belgique) – viviane.ska@helha.be

Résumé :

Les hommes politiques, les fonctionnaires des administrations, les responsables d’institutions sociales, les intervenants et les usagers sociaux occupent tous une position particulière dans la définition et l’application des politiques sociales. Chaque position est notamment marquée par un rapport spécifique au(x) temps. Plus particulièrement, les responsables d’institutions sociales sont au croisement de ces différentes temporalités.

1.La discordance des temps
Les dissonances des rythmes de l’action au sein et entre les institutions sociales.
Au sein des institutions sociales et entre elles, les rythmes sont tendus entre d’une part ceux qui, privilégiant l’allégement rapide des difficultés, prônent l’immédiateté de l’action et ceux qui, désirant lutter contre les structures productrices et reproductrices de problèmes s’inscrivent dans des temporalités longues qui, souvent, prennent la forme « de projets ».
Les tensions entre le temps des politiques, des administrations et celui des institutions, des professionnels
Si le paradigme managérial participe, depuis les prémisses de la professionnalisation des métiers du social, à la définition et à la mise en œuvre des politiques sociales, sa configuration contemporaine, influencée par les dogmes néolibéraux, fait la part belle aux mesures « d’activation » et à une temporalité courte. Cette configuration met ainsi à mal les accords, certes toujours partiels et déséquilibrés, entre politiques, gestionnaires et intervenants. Ainsi, le détournement de sens de certaines pratiques, la mise en avant d’impératifs économiques et l’introduction très souvent brutale de pratiques issues du secteur privé affectent et déconstruisent les priorités et les modes d’évaluation de l’action sociale et les modes d’identification des professionnels.
Le temps méconnus des usagers
Marqué par l’attente, le temps des usagers est bien souvent méconnu aussi bien par les politiques, que par les responsables d’institutions sociales, que par les intervenants. Contraints par la nécessité, soumis à la temporalité de ceux dont ils dépendent, leur temps paraît arrêté, suspendu, difficilement collectif tant la dés-affiliation est forte. Souvent ignoré par les intervenants ; il apparaît hors du temps de la relation professionnelle.

2.Concilier des temps inconciliables
Nous examinerons les pratiques des responsables d’institutions sociales quant à cette gestion du temps. Comment s’y prennent-ils pour tenter d’accorder ces temps discordants ? Comment résistent-ils aux pressions qu’ils subissent pour accélérer ou freiner le temps ? Bref quelle est l’ingénierie qu’ils mettent au service des objectifs sociaux auxquels ils disent adhérer ? Différents rapports au temps seront présentés. Chacun de ceux-ci, prenant appui sur une définition de ce qu’ils convient de faire, mettant en avant des priorités de l’action et valorisant des compétences professionnelles.

3.Former aux temporalités
Enfin, il s’agira de s’interroger sur la prise en compte, dans les formations des responsables d’institutions sociales, de ces différences de temporalités. Comment les comprendre, comment les concilier alors que les responsables sont parties prenantes de la discordance ? Les sciences sociales permettent de penser les ruptures et mettent en lumière le caractère structurant de l’événement. Comment prendre en compte ces apports pour former à et développer une ingénierie qui puisse résister et proposer des alternatives au démantèlement, parfois à bas bruits, de l’État social ?

La communication prendra appui sur une enquête ethnographique auprès de travailleurs sociaux, sur une recherche portant sur les pratiques de l’accompagnement (recherche pilotée par le département de sociologie de l’Université de Rouen) et sur notre pratique de formateurs dans un master en ingénierie et action sociales.

Mots clés :

Activation sociale, Ingénierie sociale, Urgence sociale

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