Les enjeux du positionnement d'un centre de formation de travailleurs sociaux dans le contexte de marchandisation du travail social

Année : 2010

Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...

Auteur(s) :

DEUDON Guy (France) – guy2don@gmail.com

Résumé :

Au cours de ces dernières années, plusieurs éléments sont venus interroger les pratiques des travailleurs sociaux et par là même celles des centres de formation de ces professionnels, comme l’IRTS : tout d’abord, les questions liées à l’introduction de la démarche d’évaluation au sein des «entreprises du social» et aux coûts et contenus des formations; ensuite, les réformes des diplômes du travail social et celles de la formation professionnelle.
Parallèlement, l’implication de la Région dans la politique de formation professionnelle est venue rappeler la prégnance du contexte socio-politique dans le monde de l’action sociale.
Le secteur de la formation des travailleurs sociaux est de plus en plus confronté aux questions économiques et doit concilier la dimension éthique des métiers destinés à prendre en charge une population en grande difficulté et la nécessité de rendre concurrentielle une offre de formation.
Alors que les centres de formation en travail social se trouvaient en situation de quasi-monopole, la décentralisation et plus précisément le transfert aux régions des compétences en matière de formation professionnelle, semble avoir remis en cause cette situation.
À partir de 2002, avec l’obligation imposée par le code des marchés publics, les relations entre les centres de formation et leur financeur sont passées d’une logique de subventions versées, à l’achat de prestations par la région. Cela a entraîné un besoin de «vendre» la prestation de formation pour «emporter» les marchés.
Cela s’accompagne d’une concurrence des autres acteurs de la formation professionnelle, puisque la région, devenue commanditaire, a la responsabilité de choisir un prestataire qui propose le meilleur compromis entre la qualité de la formation et son coût.
Depuis que j’exerce les fonctions de formateur, j’ai souvent entendu un discours préoccupé concernant le devenir du travail social et de celui de la formation de ses professionnels. Étudiants, formateurs, professionnels, tous s’accordent à dire que les temps ont changé. Ils évoquent à la fois la paupérisation des problématiques des usagers, l’absence de vocation chez les jeunes accédant à la formation, les politiques budgétaires restrictives et la volonté d’uniformisation des pratiques.
Le glissement vers le «secteur marchand» est-il un effet conjugué de la mondialisation, de la mode de la démarche qualité et de l’évaluation? De la décentralisation et de l’arrivée des services de la région qui ont décidé du sort du travail social? Ce mouvement est-il irréversible?
Un centre de formation comme l’IRTS est un maillon essentiel du travail social. Dès lors, on peut s’interroger sur le rôle que jouent ces centres de formation dans l’évolution des métiers du social, et du travail social en général. À quelles questions identitaires et à quels enjeux de positionnement l’IRTS est-il confronté?
Il importe de comprendre comment le travail social s’est construit, sur quelles bases, pour mesurer combien le virage qu’il est en train de négocier constitue une révolution. J’aborderai l’histoire du travail social, des métiers du social et de la formation des travailleurs sociaux.
Cela permettra de comprendre comment ces domaines, intrinsèquement imbriqués, ont évolué vers la marchandisation.
Je donnerai la parole aux acteurs de la formation et je repérerai les signes concrets caractérisant le phénomène de marchandisation sur les terrains.
J’aborderai enfin le cœur de la problématique : la fonction d’un centre de formation de travailleurs sociaux dans un tel contexte.
Avec ce mouvement de marchandisation, c’est l’identité même de l’IRTS qui se voit interrogée. Cet institut doit-il demeurer une école? Devenir un vendeur de formation ? Doit-il continuer de former des travailleurs sociaux ou former des managers? Et, de façon plus abrupte encore, peut-il ignorer ces mutations? Survivra-t-il à ce mouvement sans ajuster son positionnement? Autant d’interrogations que nous poserons.

Mots clés :

Formation, Logique marchande, Enjeux

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