La formation en travail social et les pratiques des organismes communautaires : entre recompositions et mutations, une rencontre possible ou improbable?
Année : 2010
Thème : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Type : Analyse d'expérience : d'intervention, de formation, de recherche...
Auteur(s) :
DUBE Marcelle (Canada) – marcelle_dube@uqac.ca
Résumé :
Au Québec, les organismes communautaires ont fourni, dès leur création, un espace et des lieux où la pratique du travail social s’est enracinée et développée de manière singulière et ce depuis plus de 50 ans. Qu’il s’agisse des pratiques collectives et de groupe, pour lesquelles ils sont un terrain de prédilection, l’« innovation » et le « faire autrement » soulignent l’esprit qui a animé et anime encore les initiatives qui se sont développées au sein de chacune des traditions (Duval et al. 2005, Lamoureux 2002, 2007, Deslauriers et Paquet 2003). Si l’ensemble des universités québécoises s’est toujours soucié d’initier les futures travailleuses et travailleurs sociaux aux pratiques de ces groupes communautaires, on est à même de constater qu’aujourd’hui l’intérêt pour ce type de travail social est à la baisse chez une majorité d’étudiants et d’étudiantes, en témoigne le nombre décroissant de stages réalisés dans cette option, au fil des années.
Enseignant depuis maintenant cinq ans, dans une université située en région, le cours « Groupes communautaires et groupes de femmes : pratiques et enjeux » (cours qui relève de ce volet de formation associé au travail social qui s’exerce dans l’espace de la pratique et de l’action collective, dite aussi communautaire) et ayant également eu le privilège d’encadrer des stagiaires qui ont choisi l’option collective pour réaliser leur stage, je souhaite, dans le cadre de cette communication, porter un regard sur les diverses tensions qui traversent la pratique du travail social en milieu communautaire et la réception de cette pratique au sein des cohortes en formation au baccalauréat en travail social. Il sera donc question tant des transformations qui ont eu lieu au sein de ces organisations et des tensions accompagnant ces changements (professionnalisation, institutionnalisation et formalisation des pratiques de plusieurs de ces groupes, augmentation et préséance des interventions individuelles au détriment d’actions collectives et de démarches d’éducation populaire et citoyenne qui invitent à d’autres formes de participation et alimentent la vie démocratique des organisations (Guberman et al. 2004, Favreau, 2009)), que du désintérêt quasi généralisé chez la population étudiante en regard du terrain de pratique possible que représentent ces groupes et où ils – elles pourraient exercer leur profession.
En fait il n’est pas rare de constater une méconnaissance de ces groupes, de leurs pratiques, de leur histoire et des enjeux qui les interpellent actuellement, constatant que la perception de leur travail se résume trop souvent à une incessante demande en matière de financement. D’autre part, si certains ou certaines s’y retrouvent pour exercer leur métier, peu nombreux seront celles et ceux qui feront un choix réel d’y demeurer (Deschenaux et Bourdon 2007, Centre St-Pierre 2006), et ce, malgré le fait que les pratiques développées et les valeurs promues aient un écho plutôt positif auprès de ces jeunes gradués. Le travail dans ces groupes se résume alors à un passage pour y glaner un peu d’expérience en attendant de trouver « une vraie job » en travail social, au sein d’institutions rattachées à la fonction publique (CSSS, Centres jeunesse, DPJ) (Centre de formation populaire et Relais-femmes, 2005).
Quelles connaissances a-t-on de ces groupes et de leurs pratiques ? Jusqu’où le travail qui s’y réalise est vu explicitement comme un pan du travail social québécois ? Quelle réflexion est faite dans les unités et les écoles de service social quant à la place que prennent ces contenus dans l’ensemble des programmes et de l’enseignement qu’ils dispensent ? Vue sous cet angle, en ce début de XXIe siècle, la pratique du travail social collectif est-elle en crise ou en mutation et vers quel développement durable s’oriente-t-elle et pour quelles finalités ? (Touati, 2001) Voilà quelques-unes des questions qui guideront le propos et la réflexion livrés lors de cette présentation.
Mots clés :
Action communautaire, Enjeux, Formation
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