La participation des acteurs de la société civile à l’élaboration des politiques sociales au Liban, dans une perspective de gouvernance
Année : 2011
Thème : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Type : Recherche : orientée vers la pratique, action, évaluative...
Auteur(s) :
TANNOUS JOMAA Maryse (Liban) – maryse.jomaa@usj.edu.lb
Résumé :
Cette communication se propose d’exposer les résultats d’une recherche et dont le thème porte sur « La participation des acteurs de la société civile à l’élaboration des politiques sociales au Liban, dans une perspective de gouvernance ».
L’intérêt pour cette recherche émane de deux types de préoccupations :
- Professionnelle : consiste en une interrogation sur le pouvoir des travailleurs sociaux à promouvoir les droits humains alors que leur formation d’une part et leur pratique sur le terrain d’autre part sont souvent amputées de la dimension socio-politique.
- Contextuelle : le Liban ne peut échapper aux mutations qui transforment l’ordre mondial ; cependant ses besoins particuliers justifient l’instauration de la gouvernance notamment au niveau des modes de production des politiques sociales. Ces besoins se présentent comme suit :
- nécessité de réduire la rupture chronique entre l’État et la société civile et la transformer en une dynamique interactive autour de l’intérêt public.
- permettre une approche plus globale et moins fragmentée des réalités sociales ; les politiques sociales au Liban sont qualifiées aujourd’hui de « bricolage social ».
- engager la société civile libanaise dont la vitalité est remarquable dans une responsabilité plus élargie au niveau des droits, au lieu de rester dans l’expectative d’un État de droit.
Le constat est le suivant : puisque les problèmes sociaux ne peuvent être dorénavant pris en compte ni par un État-Providence, ni par des parties en rupture, le partenariat privé/public demeure une alternative pour leur trouver des solutions. Mais la question est de savoir si les acteurs concernés sont disposés à s’y engager, en l’occurrence la société civile.
D’où le but de l’étude qui est celui de comprendre comment la société civile se perçoit comme acteur et partenaire de l’État dans la production des politiques sociales. Le domaine retenu est celui de la toxicomanie.
Pour s’y faire, des entretiens non-standardisés centrés sur un thème ont été conduits auprès des plusieurs représentants d’organisations civiles.
L’analyse de contenu des différents discours a permis de dégager : la vision qu’ont les représentants des organisations civiles de leur relation à l’État, leurs positions vis-à-vis du partenariat, leurs motivations à prendre part à l’élaboration d’une politique sociale, les fonctions qu’il se réservent, les stratégies qu’ils mettent en œuvre, les ressources qu’ils utilisent et les contraintes qui entravent leur démarche.
Les résultats obtenus révèlent que la participation se présente comme un phénomène non-inscrit dans une perspective de gouvernance, qui repose sur une vision traditionnelle et même confuse des fonctions respectives de l’État et de la société civile.
Malgré qu’elles admettent le principe de leur participation, les organisations civiles ne se reconnaissent pas souvent comme partenaires à part entière dans la gestion des affaires publiques. Il s’avère que la faiblesse de leur militantisme, leur manque d’engagement institutionnel et collectif ainsi que leurs déficiences stratégiques compromettent leur force d’influence sur les pouvoirs publics et contribuent à amoindrir leur pouvoir de participation à l’élaboration des politiques sociales. Néanmoins, leurs dispositions favorables et la richesse de leurs expériences et ressources sont prometteuses et leur permettent de mener une action socio-politique efficace.
Les conclusions dégagées de cette recherche mettent en évidence la nécessité de promouvoir l’action socio-politique du secteur social associatif. Par ailleurs et au plan de la formation, il est de rigueur d’habiliter les travailleurs sociaux à intervenir dans la sphère des politiques sociales comme véritables défenseurs des causes humaines et médiateurs entre l’État et les citoyens. La révision du concept de l’État dans nos cursus de formation ou ce que nous pouvons appeler « L’apprentissage de l’État » est garant de ce repositionnement.
Mots clés :
Politique sociale, Partenariat, Société civile
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